L’usine Forsee Power de Chasseneuil-du-Poitou est désormais opérationnelle et profite du développement de la marque à l’international sur les nombreux marchés émergents
de la mobilité.
Nul n’est prophète en son pays. Et en dépit d’une arrivée en grande pompe en mars 2018, sur le site de feu Federal Mogul, aucun bus du réseau Vitalis ne roule encore avec des batteries fabriquées à Chasseneuil-du-Poitou.
« On aimerait bénéficier d’une ligne vitrine, reconnaît Sophie Tricaud, directrice de la communication du groupe, ce serait un joli symbole. » A défaut, l’entreprise cotée en bourse (72,2M€ de chiffre d’affaires en 2021) depuis novembre dernier tisse sa toile à l’échelle internationale, forte d’une levée de fonds de 100M€. Et dans sa stratégie de développement, Chasseneuil constitue la base avancée en Europe(*). Dimensionnée pour héberger jusqu’à 300 salariés, l’usine en compte actuellement 200, dans 10 000m2 -15 000 disponibles au total-, dont 2 000m2 rien que pour le stockage des composants. « Nous avons encore de l’espace pour installer de nouvelles lignes complémentaires... »
Ici sont produits tous les plus gros systèmes de batteries pour véhicules lourds, à commencer par le bus « qui atteint une forme de maturité, dixit Sophie Tricaud. On équipe le plus grand nombre de constructeurs en Europe, dont Heuliez, qui a près de 50% de parts de marché en France ». Les batteries Forsee Power sont aussi embarquées sur les véhicules des réseaux anglais Rightbus, l’un des leaders mondiaux des bus à hydrogène, portugais Caetano, aussi présent en Espagne et à Londres... A Paris, la moitié des bus électriques du réseau tournent avec des équipements produits à Chasseneuil.
De nouveaux marchés
Au-delà des bus, le groupe français est l’un des partenaires de la SNCF et d’Alstom sur le projet Régiolis, avec des premiers TER hybrides déjà en circulation en Occitanie et opérationnels dès 2023, notamment en Nouvelle-Aquitaine. Faute de caténaires, les trains sont alimentés par des moteurs thermiques ou des... batteries électriques. Forsee Power investit également un autre marché, celui des véhicules non routiers : pelleteuses, tracteurs... Là aussi, le gisement semble immense sachant qu’il n’existe « plus de frein technologique sur l’autonomie. Entre 200 et 300km, on sait très bien faire », confirme Sophie Tricaud. Les batteries se font aussi plus minces et modulaires, en résumé adaptées à tous les véhicules. L’unité poitevine, financée par Grand Poitiers à hauteur de 12M€, sera sans doute inaugurée en mai, après le report de l’événement à la rentrée 2021 pour cause de Covid. Et si les élus communautaires faisaient le trajet depuis Poitiers en bus électrique ?
(*)Forsee Power compte deux autres bases industrielles en Chine et en Inde, et peut-être bientôt aux Etats-Unis.
DR