Il pensait d’abord les revendre, pour compléter ses premiers cachets d’intermittent. Mais Josselin s’est vite ravisé après avoir écouté le vinyle Breakfast in America de Supertramp. Séduit par le son unique des galettes noires, il a conservé toute la pile que lui avait confiée sa tante. « C’est comme ça que j’ai attrapé ce que j’appelle le syndrome de la 33-tourette ! », lance le jeune comédien. Cinq ans plus tard, sa collection s’est considérablement agrandie, occupe tout son bureau. Il a arrêté de faire les comptes. « J’en ai trop… et pas assez, sourit ce Poitevin d’adoption. Avec le Covid, les artistes ont été en studio et ils en ont profité pour créer un max. Alors il est compliqué de se freiner ! »
De tous ses voyages à l’étranger, il revient avec des 33 tours dénichés sur place… A New York ou, plus étonnant, au Kirghizistan ! « Le prochain, ce sera en Inde. » Sa passion pour l’objet est telle qu’il a vite éprouvé le besoin de la partager sur le Web. Presque dans la foulée, il a créé sa chaîne YouTube « Chasseur de vinyles » (ex-« Vinylement vôtre »), où il diffuse des vidéos très diverses. Josselin n’hésite pas à se mettre en scène, avec les codes de la plateforme. « J’essaye d’amener ce vieil objet avec une narration au goût du jour, un peu de comédie et de faire découvrir des groupes. » Une énergie qui lui a permis de réunir près de 1 500 abonnés, et faire quelques belles rencontres virtuelles. « Un Français installé aux Etats-Unis va me livrer des vinyles pour moins cher que si je me les étais procurés ici. »
Pour fêter son 1 000e abonné, Josselin a eu une idée « complètement c***e » : livrer une box de huit vinyles, à pied, à un autre passionné habitant… Saint-Priest, à 500km de Poitiers ! Le trentenaire est parti samedi dernier, de la place du Marché et va partager chacune de ses étapes, trois semaines durant, sur ses réseaux sociaux. « Je pars dans l’inconnu, sans préparation, concède-t-il. Mais j’aime ça, vivre le moment présent ! » Josselin s’est souvenu que sa précédente expérience sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, en 2020, lui avait fait le plus grand bien. « Marcher, c’est comme écouter un vinyle : on prend le temps de se poser et de regarder autour de soi. »
Ce road-trip intitulé Sillon(e), il ne le fait pas seulement pour lui et ceux qui le suivent. Il a lancé une campagne de financement participatif au profit de 100 pour 1 Grand Poitiers, association qui permet à des familles sans abri de louer un logement décent en attendant de retrouver leur autonomie. Avec des contreparties « faites maison » : des cartes postales ou un carnet de voyage dessinés par une aquarelliste, un seul-en-scène joué chez l’habitant ou… deux paires de chaussettes qui l’ont accompagné jusqu’à Saint-Priest !
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