Les extrêmes

Le Regard de la semaine est signé Ilham Bakal.

Le7.info

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L’entre-deux-tours a été stressant et a révélé un racisme décomplexé frustré de ne pas pouvoir librement discriminer. Je me suis alors réfugiée dans… mes bons petits plats marocains. Était-ce un instinct de survie ou une préparation future pour un exil dans le pays de mes grands-parents, si l’extrême droite était élue grande gagnante de la présidentielle ? 
Je ne sais pas mais je vous avoue que la gastronomie marocaine m’a apaisée pendant mes jours de phobie électorale.

Bien manger aide à bien réfléchir. Or, dans les campagnes, il devient de plus en plus difficile de se nourrir. Tout leur a été retiré : poste, commerces, bibliothèque, centre d’animation, médecin, café. La taxe carbone allait « retirer » la voiture qui permet d’avoir accès à des services de première nécessité. Les enfants, s’ils ont bien mangé, n’ont pas toujours accès à la culture, aux loisirs, aux livres, au sport et voient à la télé les enfants des quartiers presque noyés par l’abondance de propositions. Quand une mère célibataire doit emmener ses enfants dans quatre établissements car le CP est dans un village, le CE1-CE2 et le CM2 autre part et que l’arrêt de bus pour le collège est à plus de 3km, tout devient un marathon juste pour survivre chaque matin. Alors quand on a peu ou plus rien, on broie du noir et pourquoi pas du musulman selon l’actualité. Au fond, lors des élections, la France ne devrait pas être divisée car trop souvent privée.

De l’autre côté de la table, des partis politiques en pleine mutation toujours en pleine bataille. Et pourtant qu’en est-il des partisans et des élu-e-s qui, à chaque campagne électorale gagnée, tombent dans l’abus du harcèlement moral ? Si les agressions sexuelles et les détournements de fonds font aujourd’hui scandale dans la presse et sur les réseaux sociaux, j’espère bientôt voir la violence psychologique et les menaces punies par la justice lorsqu’elles sont commises par des élu-e-s. Que chaque parti politique n’oublie pas que derrière chaque agression, il y a un citoyen, une citoyenne. Comme l’arbre cache la forêt, chaque citoyen cache la France en son cœur.

N’oublions pas l’effet papillon de nos actes qui s’est transformé en un tsunami d’effondrement politique. Rien n’arrive par hasard. On pardonne moins à un parti de gauche qu’à un parti d’extrême droite, que le cœur est curieux. J’espère que la gauche l’entendra et se remettra profondément en question bientôt pour les Législatives, plus durablement pour la future présidentielle.

CV express
Ancienne ingénieure informatique au CNRS dans l’aérospatiale pour devenir, au grand dam de ses parents immigrés marocains, saltimbanque en mode « couteau-suisse artistique », désireuse de parsemer des poussières d’étoiles plein les yeux en brûlant les planches, en dévorant les bibliothèques ou en se baladant de studios de musique en plateaux de tournage.

J'aime : la terre de mes grands-parents au Maroc, face à l’océan Atlantique, rêver et surprendre, les histoires de personnes banales qui font des choses incroyables, l’humour (marocain, ça va sans dire), faire rire les gens, les mélodies de mon mari, les câlins-poèmes de ma fille, mes moments en famille, de bons repas avec de bonnes personnes, les anecdotes de ma mère.

J'aime pas : l’injustice, les discriminations, toutes les violences, notamment celles faites aux enfants et contre les femmes, la pollution et ce salaud de plastique, la mauvaise foi, la manipulation et les psychopathes.

 

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