Avec Handifly, le handicap s’envole

Les 19 et 20 mai, la Fédération française de parachutisme organise la première compétition mondiale de vol en soufflerie réservée aux personnes handicapées. Plusieurs athlètes s’entraînent chez zerOGravity, à Chasseneuil, un centre très actif dans la démocratisation de ce sport.

Romain Mudrak

Le7.info

Depuis novembre 2020, le programme WindtunnelHandifly(*) permet à des personnes en situation de handicap d’effectuer gratuitement jusqu’à trois vols de découverte en soufflerie. Financée par l’Union européenne dans le cadre d’Erasmus+, cette action initiée par la Fédération française de parachutisme (FFP) se veut un modèle d’inclusion par le sport. Il y a quelques mois, Véronique Prouteau s’est saisie de l’occasion. Atteinte d’algoneurodystrophie depuis cinq ans, elle ne peut plus s’appuyer sur son pied droit. Mais comme rien ne l’arrête, cette mère de quatre enfants a créé un blog pour raconter ses exploits sportifs.

Elle a déjà couru deux fois les 20km de Paris sur sa trottinette à genoux -le Kneescoot- et a obtenu un dossard pour le futur marathon de Paris 2024. « On m’a dit que je ne pourrais plus marcher, alors je me suis mise à courir. Ma devise, c’est ne limite pas tes défis, défie tes limites », 
argue celle qu’on appelle Veronikatornade sur les réseaux sociaux, question de tempérament. Originaire de Charente-Maritime, elle s’est présentée une première fois dans les locaux de zerOGravity, le simulateur de chute libre de la Technopole du Futuroscope. Bingo ! « J’ai tellement adoré que j’ai eu envie d’y retourner. Quand je suis dans la veine, le handicap disparaît, il n’y a plus de contrainte, on oublie tout. » Coachée par Domitille Kinger, championne du monde de freestyle 2012, elle s’entraîne à Chasseneuil une fois par mois. Résultat, elle a décroché son billet pour la Handifly Race, première compétition mondiale de vol en soufflerie, qui réunira 90 compétiteurs de 25 pays les 19 et 20 mai à Aix-en-Provence.

Prêt pour les JO 2028

zerOGravity, dernière-née des souffleries françaises, joue à fond son rôle dans le développement de ce nouveau sport. « En novembre, la fédération a organisé chez nous deux journées-tests qui ont servi à valider le déroulé des épreuves, le barème de classement et le kit laser de jugement », confirme le co-fondateur Fabrice Crouzet. Ce kit laser, c’est un ensemble de bornes lumineuses que les concurrents doivent relier en un minimum de temps, tout en effectuant des 360° en l’air. Plusieurs participants au Handifly Race s’entraînent chez zerOGravity. Parmi eux, Rémy Boullé fait partie des sérieux prétendants au titre. Cet ancien commando parachutiste de 33 ans est devenu paraplégique en 2014 après un saut qui a mal tourné. Reconverti au sein de l’équipe de France de kayak, il a décroché une médaille de bronze lors des Jeux paralympiques de Tokyo. En parallèle, l’Orléanais a repris goût à la chute libre et a remporté le titre de champion de France en novembre. « Je vais pousser toutes les portes pour faire connaître ce sport et, pourquoi pas, en faire une discipline olympique à Los Angeles en 2028. » Vendredi dernier, Rémy Boullé a passé une heure dans le tube de zerOGravity, soit l’équivalent de quatre-vingts sauts en parachute.

(*)Le programme se termine 
le 31 octobre 2022.

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