Olga, de Kiev au Cned

Débarquée en France avec ses parents et sa fille à la mi-mars, Olga Ivasiv travaille désormais au Centre national d’enseignement à distance (Cned), à Chasseneuil. Une belle histoire d’intégration qui trouve ses origines dans nos colonnes...

Arnault Varanne

Le7.info

Nous l’avions rencontrée fin mars chez Thierry et Chantal Desroches, aux Roches Prémarie. Elle y était hébergée avec ses parents et sa fille de 4 ans depuis quelques jours, jetée sur les routes par la guerre en Ukraine. Depuis, Olga Ivasiv, 37 ans, a trouvé du travail au Cned, où elle est en CDD jusqu’en septembre, ainsi qu’un appartement dans le centre-ville de Poitiers. C’est l’article paru dans nos colonnes le 29 mars qui a déclenché un premier contact avec les dirigeants de l’établissement public, puis une embauche. La professeure de... français se montre reconnaissante. 

Quelles sont vos missions au Cned depuis votre arrivée le 18 avril ?
« Je m’occupe des élèves ukrainiens (collégiens, lycéens, ndlr) réfugiés en France qui s’inscrivent pour des cours à distance au Cned. Il y a beaucoup d’informations à leur apporter sur le fonctionnement de la plateforme. Ils sont presque deux cents aujourd’hui. Quand je dirai que j’ai travaillé au Cned à mon retour en Ukraine, les gens ne me croiront pas ! C’est très connu là-bas mais plutôt pour les élites. »

Comment avez-vous décroché le poste ?
« L’un des responsables du Cned a lu votre article (Le 7 n°558), il m’a remarquée et a contacté Mme Desroches, chez qui j’étais hébergée. J’ai traduit un petit article en ukrainien pour indiquer l’existence de ce programme pour les élèves. Ça a pris environ 30 minutes et il m’a demandé si je cherchais du travail. Je lui ai envoyé mon CV et quelques jours après Mme Desroches m’a dit que j’étais embauchée ! Je vous remercie beaucoup ! »

A la mi-mars, vous donniez encore des cours à distance à vos étudiants de l’université de Kiev. Vous avez arrêté ?
« Oui, c’était nécessaire. Je veux bien sûr retourner en Ukraine, mais ce n’est pas possible pour l’instant. Quand les bombes ne tomberont plus... »

Au-delà du travail, vous avez également trouvé un appartement dans le centre de Poitiers...
« C’est grâce à l’association Ukraine Libre et son président Bogdan. Il m’a demandé de donner des cours de français et, en échange, j’ai souhaité qu’il m’aide à trouver un appartement. Le propriétaire a été très gentil aussi avec nous. »

A quoi rêviez-vous quand vous étiez petite ?
« J’aurais voulu être hôtesse de l’air, c’est pour cela que j’ai étudié beaucoup de langues (elle parle anglais, français, russe, polonais et allemand, ndlr). Mais je ne nage pas très bien et je ne pesais pas 55Kg à l’époque, ce qui était obligatoire. Après mon doctorat en pédagogie, j’ai directement intégré l’université de Kiev pour enseigner. »

Dans quel milieu avez-vous grandi ?
« Je viens d’un milieu modeste. Ma mère et mon père travaillaient dans une usine d’armement qui produisait des fusils, des roquettes, des bombes... Celles que la Russie jette sur l’Ukraine aujourd’hui. »

Qu’est-ce qui vous étonne le plus en France depuis votre arrivée ?
« Je trouve que vous être très très unis. Au travail, des filles me donnent des conseils, m’encouragent, m’expliquent où faire des courses... La nature est belle, l’air est frais, la nourriture est délicieuse aussi. »

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