Après plusieurs réunions avec les élus de la Ville de Poitiers, le collectif de la rue du Chaudron-d’Or dénonce toujours les nuisances liées à la vie nocturne. Ils exigent des mesures rapides. De leur côté, les patrons de bars plaident la bonne foi.
Le ton monte rue du Chaudron-d’Or, où un collectif de riverains se bat depuis plusieurs mois pour dire
« stop aux nuisances liées aux débits de boissons ». Dans leur viseur, pêle-mêle, « les terrasses qui s’étendent, les clients qui hurlent à 2-3h du matin, le vomi, l’urine, les bagarres... » Ils sont vingt-neuf à vouloir que ça change, pas tous habitants de la rue de la soif poitevine. Certains habitent dans les résidences Rabelais et des Cordeliers ou rue de l’Eperon. « On envoie à la mairie des statistiques montrant le dépassement des terrasses, même si depuis quelques semaines, c’est moins marqué », indique Virgile Dupuis, Poitevin depuis quatre ans. Le collectif dénonce aussi le fait que trois nouveaux bars se soient installés au cours des quatre dernières années.
« Forcément, c’est un apport supplémentaire de clients... » La situation se serait dégradée après les déconfinements. Sans parler des problèmes de sécurité. « Rue de l’Eperon, certains bus passent à 50cm des chaises »,
témoigne un riverain.
« On côtoie les riverains »
« Nous ne minimisons pas la gêne et le bruit de la rue, convient Aron Zhang, au nom des cafetiers incriminés. Parfois les terrasses dépassent les pointillés mais on essaie de juguler. La rue du Chaudron-d’Or est une rue animée de Poitiers depuis des décennies. Tous nos établissements sont des bars de nuit, ils ouvrent à 17h-18h et l’activité ne commence véritablement qu’à 22h-23h. » Le cafetier s’appuie sur presque dix-neuf ans de présence. « On côtoie les riverains, on les connaît et on a toujours discuté afin de trouver des compromis pour préserver le voisinage. Beaucoup ont mon numéro de portable, le concierge de la résidence des Cordeliers aussi. Dès qu’il y a un problème, on s’appelle. » Au fil du temps, le Bar des papas a ainsi condamné sa terrasse intérieure, les bars ont appris à vider leurs bouteilles le vendredi après-midi (et non plus le jeudi soir après le service), ils ont fait une croix sur « les karaokés », « tout ce qui est musiques amplifiées », les « grosses soirées étudiantes »… « On peut faire des choses mais on ne peut pas devenir une boutique de vêtements ! »
Ville étudiante
Les tentatives de conciliation entre le collectif de riverains, les cafetiers et la Ville de Poitiers n’ont jusqu’à présent pas abouti. « Sur l’installation d’une entreprise privée dans un local privé, nous n’avons pas la main, rappelle Julie Reynard, adjointe au Commerce. Par ailleurs, cette rue a toujours été étudiante. Les habitants ont passé deux ans avec moins de bruit. Aujourd’hui, les étudiants se réapproprient l’espace public. »
La municipalité n’envisage pas de limiter les horaires d’ouverture par voie d’arrêté.
« Une ville qui s’éteint à 23h, ce n’est pas possible. Nous pouvons juste être plus vigilants sur les dépassements de terrasses. »
La police municipale, dont le service se termine à 22h, est alertée, tout comme la police nationale.
En soutien à la mairie et aux bars, des clients ont lancé une pétition qui a déjà recueilli près de 3 000 signatures. De leur côté, les riverains en préparent une. Ils exigeront qu’aucun nouveau bar n’ouvre ses portes dans la rue, ainsi que « la fermeture des bars ou des terrasses à 23h »,
dixit Virgile Dupuis. Sans illusion sur l’aboutissement de leurs doléances. La prochaine manche pourrait donc se jouer devant le tribunal administratif de Poitiers, à l’image des actions menées par le collectif Droit au sommeil Paris dont les revendications vont dans le même sens.