Rachel Baum a trouvé sa voix

La rédaction du 7 consacre une série aux Poitevins expatriés dont le parcours sort de l’ordinaire, mais aussi aux étrangers ayant jeté l’ancre dans la Vienne. Rencontre avec Rachel Baum, Américaine devenue professeure des écoles à Poitiers, mais aussi chanteuse et musicienne du groupe The Amber Day.

Steve Henot

Le7.info

Racontez-nous 
votre enfance…
« J’ai eu une enfance super, dans une famille très soudée. On a passé beaucoup de temps en forêt, en pleine nature, avec tous mes cousins germains. Ils étaient comme des frères et sœurs puisque l’on vivait à vingt minutes les uns des autres. Quand j’ai eu 13 ou 14 ans, nous sommes partis du nord de la Louisiane, où j’ai grandi, vers le sud, dans la famille de ma mère. Culturellement, c’était très différent. Le sud est francophone, on nous disait d’ailleurs qu’on était Français. Pendant le lycée, je me suis un peu éveillée à cet héritage. L’idée que ma famille vienne de France était si romantique que j’ai commencé à apprendre la langue. »


Petite, à quoi rêviez-vous ?
« Je voulais être écrivaine ou chanteuse ou maîtresse d’école… Et finalement, je fais un peu les trois ! J’aimais beaucoup la poésie, j’écrivais déjà des petites chansons quand j’étais au CE2-CM1, pendant les trajets du bus scolaire. J’ai eu la chance d’avoir de super maîtresses qui m’ont vraiment encouragée à aller là-dedans. J’avais envie de faire de la musique, mais mon papa musicien, lui, me disait toujours que ça ne pouvait pas être plus qu’une passion. Et puis j’ai toujours beaucoup aimé les enfants, donc mon parcours est assez cohérent. »


Quelles études avez-vous faites ?
« J’ai fait quatre ans de licence -chez nous, c’est quatre et non trois comme ici- en français et en histoire. Lors de ma troisième année, j’ai fait un an d’échange à la fac d’histoire de Poitiers, en 2014-2015. Il m’a fallu trois-quatre mois pour bien comprendre la langue. C’était compliqué, j’ai eu la moyenne, pas plus, j’étais déjà très fière. Je suis revenue aux Etats-Unis faire ma dernière année mais je n’avais plus qu’une envie, c’était de repartir. Le master d’enseignant en France étant accepté aux Etats-Unis -l’inverse n’est pas vrai- j’ai donc décidé de tenter le concours. C’était taré comme rêve, mais ça a marché !
Je me suis alors dit que j’allais rester en France. Au final, je n’ai jamais enseigné dans mon pays. »


Votre carrière en quelques mots ?
« J’ai commencé par un stage en maternelle, à Sainte-Radegonde, avant de prendre la grande section-CP de l’école Saint-Hilaire. Les parents avaient peur de voir une Américaine y faire sa première année ! (rire) Puis on a fermé ma classe et j’ai alors atterri à la Providence, où je m’occupe aujourd’hui d’une classe de CE2-CM1. Je marche vachement à l’affect avec les enfants, je suis maîtresse-câline ! »


Un tournant dans cette carrière ?
« Quand j’ai rencontré les gars de The Amber Day. Ça a tout changé pour moi. Aux Etats-Unis, j’avais un groupe qui marchait bien mais, à 19 ans, je voulais de l’aventure. J’ai donc fait une pause, mais la musique me manquait vachement. J’ai essayé de faire des petits trucs toute seule, mais ça ne m’allait pas. Ce qui m’intéresse dans la musique, comme dans l’enseignement d’ailleurs, c’est le partage. Je viens d’une famille tellement soudée que j’avais besoin de trouver ça, de me sentir appartenir à une communauté. Aujourd’hui, j’ai ma place, j’adore Poitiers et les relations que j’ai construites ici. »


Qu’est-ce qui vous manque le plus de votre pays ?
« Ma famille, même si je suis en contact régulier avec elle. Cela va faire six ans que je suis là et que personne n’est venu me voir. Mais ma mère va me rendre visite pour la première fois cet été, j’ai trop hâte… Hâte de redécouvrir la ville à travers ses yeux, parce que je vais revivre un peu de cet émerveillement qu’on a quand on arrive ici la première fois. »


Quelle est, selon vous, la personnalité qui symbolise le plus la Vienne ?
« Oh, c’est difficile ça ! (elle réfléchit longuement) Non, je n’ai pas de réponse. »

DR - Sylvia Vasseur

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