Des végétaux valorisés par ultrasons

Un jeune chercheur du laboratoire IC2MP de Poitiers, Prince Nana Amaniampong, travaille actuellement sur les déchets végétaux comme alternative biosourcée aux matériaux issus de l’industrie pétrochimique.

Claire Brugier

Le7.info

Urgence climatique oblige, la recherche pour faire des matériaux biosourcés une alternative aux produits issus de l’industrie pétrochimique ne cesse de se développer, y compris à Poitiers. Dans le laboratoire « Catalyse et milieux non conventionnels » de l’Institut de chimie et des matériaux de Poitiers (IC2MP), Prince Nana Amaniampong travaille depuis 2016 aux côtés de François Jérôme, directeur de recherche au CNRS, et Karine de Oliveira-Vigier, professeure des universités, sur des protocoles permettant de « transformer et valoriser les déchets végétaux » 
grâce… aux ultrasons ! Le principe est (presque) simple : 
utiliser ces sons de haute fréquence comme catalyseur afin d’irradier les déchets végétaux plongés dans l’eau et ainsi générer des bulles de cavitation. En implosant, ces dernières cassent les liaisons (évidemment invisibles à l’œil nu) entre certaines molécules pour libérer ce que les chimistes appellent des radicaux hydroxyles et favoriser la formation de nouvelles molécules, soit une autre matière récupérable après évaporation de l’eau. Mais attention, « ce n’est pas parce qu’un matériau est issu de végétaux qu’il est biodégradable ou non toxique, rappelle Prince Nana. Car l’étape de transformation modifie la molécule. »

Techniques de 
« bio-raffinage »

Le jeune chercheur travaille à partir de copeaux de chêne, de paille mais aussi de cabosses de cacao en provenance du Ghana. « Les végétaux sont riches en sucres. Les arbres en contiennent jusqu’à 75% », 
assure Prince Nana qui a concentré ses recherches sur les techniques de transformation propres, à basse température. Ses travaux de « bio-raffinage », 
susceptibles d’avoir des applications aussi bien dans la cosmétique que dans les détergents ou les emballages, ont d’ores et déjà retenu l’attention de l’institut technologique FCBA (forêt, cellulose, bois-construction, ameublement) de Bordeaux, ainsi que d’entreprises comme L’Oréal ou Solvay. Ils ont également valu au jeune chercheur américain, passé par la Nanyang Technological University de Singapour, de décrocher en juin le prix du Jeune Chercheur 2022 de la Société chimique de France, division catalyse.

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