Bureaux de poste : 
une mue incomprise ?

La transformation annoncée du bureau de poste de Buxerolles a suscité une levée de boucliers, élus et habitants craignant de voir disparaître des services publics. Il s’agit pourtant d’une évolution de l’activité postale entamée il y a plusieurs années.

Steve Henot

Le7.info

Il n’y aura bientôt plus de poste à Buxerolles. Le 26 septembre, le conseil municipal a voté la fermeture du bureau d’ici le premier semestre 2023 au profit d’une agence postale communale dans les locaux de la mairie et de deux relais poste chez des commerçants. Au grand dam de la centaine d’habitants mobilisés ce soir-là, à l’appel du conseiller municipal d’opposition Ludovic Devergne, contre le projet de la majorité.


« Buxerolles est la troisième commune du département, supprimer son bureau de poste nous paraît manquer d’ambition », déplore l’élu. Il craint un engorgement du bureau des Couronneries à Poitiers. Gérald Blanchard assure au contraire 
« agir pour ne pas subir », anticipant là une nouvelle dégradation des amplitudes horaires du bureau buxerollois. « Elles ont baissé de 32 heures à 28 heures par semaine il y a un an, indique le maire. Par cette décision, elles seront de 39 heures hebdomadaires. » Et l’édile d’ajouter, offensif : « Quand le bureau de Poitiers Notre-Dame a fermé (il va se transformer en tiers-lieu pour les étudiants, ndlr), il n’y a pas eu de pétition. Quand ceux des communes périphériques ferment, il n’y a pas de manifestation. »


21 fermetures 
en cinq ans

Car Buxerolles est effectivement loin d’être un cas isolé. Un relais poste commerçant vient de voir le jour à Migné-Auxances, des agences postales communales doivent ouvrir à Saint-Pierre-de-Maillé (novembre), à Nouaillé-Maupertuis (février 2023) et à Charroux (courant 2023), ainsi qu’un nouveau relais poste commerçant à Cenon-sur-Vienne le 19 octobre. Sur les cinq dernières années, ce sont 21 bureaux de poste qui ont fermé ou été « transformés » dans le département (78 en 2017, 57 aujourd’hui). La conséquence d’une baisse de l’activité postale, qui a elle-même conduit à une baisse des amplitudes horaires des bureaux.


Dans le cadre du contrat d’entreprise 2018-2022 signé avec l’Etat, la Poste s’est engagée à maintenir son maillage territorial de 17 000 « points de contact »(*) dans toute la France. Bureaux, agences communales et relais poste-commerçants confondus. « Pour que la Poste demeure un service public, les élus doivent s’associer à la réflexion et accompagner sa transformation », appuie Pascale Guittet, la présidente de la Commission départementale de présence postale territoriale (CDPPT) et membre de l’Observatoire national de la présence postale. Signataire de la pétition contre la fermeture du bureau de poste de Buxerolles et membre de la CDPPT, Benoît Tirant n’est « pas opposé à de nouveaux aménagements » mais estime aussi qu’il faut « entendre les habitants qui voient les services disparaître ». Notamment les services financiers (Western Union, les rendez-vous avec un conseiller bancaire). « Il faut faire un bilan du service rendu aux habitants et un bilan social, pour s’assurer qu’on ne surcharge pas les personnels communaux », plaide le conseiller régional. D’après une enquête TNS Sofres réalisée en mars 2018, 89% des Français et 93% des commerçants sont satisfaits de leurs agences communales et relais.


(*)183 dans la Vienne : 57 bureaux de poste, 91 agences postales communales et 35 relais poste-commerçants.

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