Les courtiers en résistance

Les courtiers en immobilier sont aux premières loges pour constater les difficultés que rencontrent les particuliers dans l’obtention d’un prêt bancaire. Eux aussi subissent directement la crise : ils traitent trois à quatre fois moins de dossiers qu’avant.

Claire Brugier

Le7.info

On pourrait imaginer que les difficultés rencontrées par les particuliers pour contracter un prêt immobilier les incitent à faire davantage appel à un courtier, et donc que ces professionnels croulent actuellement sous les demandes. Il n’en est rien. Au contraire, 
« la situation est de plus en plus tendue », souligne Benjamin Cools, de Meilleurtaux.com. En septembre déjà, Crédit Logement faisait état d’un recul de 37% du nombre de crédits à l’échelle nationale. « Certains clients viennent chez nous parce que leur banque leur a dit non, mais on enregistre près de trois fois moins de dossiers », constate David Dobelmann, mandataire chez Taux moins cher. 
« Dans l’esprit des emprunteurs, et plus généralement des Français, le projet immobilier passe au second plan », 
analyse Benjamin Cools, qui relève un autre changement : « Aujourd’hui, on travaille davantage dans l’urgence. Avant, nous avions deux ou trois semaines pour monter un dossier, aujourd’hui il faut compter dix jours maximum car les banques revoient leurs taux en moyenne tous les sept jours. Et elles recherchent les emprunteurs parfaits, avec un apport, un revenu et une épargne conséquents pour éviter d’atteindre le taux d’usure. » A ce dernier, rehaussé au 1er octobre à 3,03% (3,05% pour un prêt de 20 ans), s’ajoute la hausse des taux d’intérêt qui contribue à refroidir les potentiels emprunteurs. 


« Nos clients savent 
à quoi s’attendre »

« De plus en plus de ménages n’ont plus les moyens et, pour certaines catégories, en lien avec les assurances et l’âge notamment, les frais montent très vite, note David Dobelmann. Nous recevons toujours une majorité de primo-accédants, mais parallèlement nous notons un frein énorme sur l’investissement locatif et aussi moins de constructions. » 
Même pour les dossiers qui respectent toutes les préconisations de la Banque de France, rien n’est désormais acquis. « Nous ne présentons que les dossiers devant être acceptés. Pour autant, nous essuyons beaucoup de refus à cause du taux d’usure. » Heureusement, « nos clients savent à quoi s’attendre, ils sont très informés. Et ils sont assez patients ». Néanmoins, complète Benjamin Cools, « même quand vous préparez vos clients, la déception est énorme car l’achat d’un bien est souvent un projet de vie ». 


La situation pourrait encore empirer demain. « Nous travaillons aujourd’hui avec plusieurs partenaires bancaires qui se positionnent de façon plus agressive, en proposant des taux intéressants, note David Dobelmann. Mais si le taux d’usure n’est pas revu, cela risque de bloquer en fin d’année. » Reste que, fort de leur place sur le marché de l’immobilier -ils pèsent en moyenne pour 40% dans le chiffre d’affaires immobilier des banques-, « les courtiers continuent de se battre pour leurs clients », positive Benjamin Cools. Et, en attendant des jours meilleurs, ils se positionnent sur les crédits à la consommation, le regroupement de crédits, les conseils aux professionnels…

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