On ne naît pas Baha’i, 
on le devient

Chaque semaine, des milliers de Poitevins se retrouvent autour de croyances communes, souvent éloignées des trois religions monothéistes bien connues. Cette nouvelle série se propose de les découvrir. Rencontre cette 
semaine avec les Baha’is de Poitiers.

Le7.info

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Ne serait-ce la devanture de leur local, au 30 place de la Liberté, les Baha’is de Poitiers sont particulièrement discrets. Qui sont-ils ? Des disciples du prophète perse Baha’u’llah (1817-1892) pour qui l’unité de l’humanité est inéluctable. Certains ont trouvé la foi au sein de leur famille, d’autres au hasard d’une rencontre, mais tous -ils sont une petite cinquantaine dans la Vienne- ont assurément choisi leur religion.

« Je me suis découvert Baha’i, confie Louis. Je suis issu d’une famille catholique pratiquante, j’ai même fait le petit séminaire ! 
En Guadeloupe où j’ai grandi, j’ai longtemps considéré les Baha’is comme une secte, je les regardais avec éloignement. » Jusqu’à ce que par l’entremise d’un cousin, il plonge dans les textes, toujours plus nombreux, de Baha’u’llah, de ses descendants et aujourd’hui de la Maison universelle de justice installée sur le Mont Carmel, en Israël.

« C’est à partir du moment où j’ai découvert Baha’u’llah que j’ai compris le mot responsable, glisse-t-il. Car chacun est responsable de sa propre interprétation des textes, il n’en n’existe pas de bonne ni de mauvaise. » Voilà qui tranche avec d’autres religions révélées sans qu’il y ait pour autant rupture, selon les Baha’is. « Il n’y a qu’une source, Dieu, mais plusieurs messagers », 
résume Ema, une Néo-Calédonienne dont le grand-père était déjà Baha’i. Baha’u’llah a en effet reconnu les prophètes qui l’ont précédé, depuis Abraham jusqu’à Jésus. Simplement, « lui intervient auprès d’une humanité qui devient adulte. Il ouvre une nouvelle ère », 
laquelle implique, précise Louis, « le développement du potentiel de l’humanité ».

« Une évolution 
organique »

Née en Iran dans une famille de confession Baha’ie, Roya a vécu l’invisibilité imposée à sa religion. Elle confirme qu’« on ne devient pas forcément Baha’ie ». 
Les classes d’enfants, en ouvrant à toutes les religions, doivent permettre de stimuler son propre libre-arbitre, tout comme les groupes dédiés aux 12-15 ans. Ainsi, on ne peut se déclarer Baha’i qu’à partir de 
15 ans, « l’âge de la maturité spirituelle ». Puis, le reste de sa vie, « on est en construction, note Louis. C’est une évolution organique, il n’y a pas de réponse toute faite, ni rites, ni dogmes, ni clergé, ni interdictions… » Les Baha’is peuvent vivre leur foi en toute intimité, et/ou lors de cercles d’études ou de réunions de prières, sachant que « la prière est une conversation avec Dieu à laquelle chacun a accès », précise Ophélie. Pas d’intermédiaire donc, juste un livret déclinant des thématiques diverses comme la guérison, la mort, l’enfant ou le détachement, que chaque membre de l’assemblée peut indifféremment lire aux autres.

Enfin, bien que la religion Baha’ie ait à peine 200 ans, un calendrier rythme la vie de la communauté autour de jours saints, ceux de la naissance du prophète, du Nouvel An Baha’i, de la Déclaration (quand Baha’u’llah s’est déclaré comme messager de Dieu), de l’Alliance entre Dieu et les Baha’is...

 

LA RÉVÉLATION DE BAHA’U’LLAH
La foi Baha’ie a été révélée par Baha’u’llah (1817-1892) né à Téhéran en Iran, à l’époque capitale de la Perse. Les Baha’is considèrent que Dieu, seul et unique, a envoyé à l’humanité une série d’ « éducateurs divins » comme Jésus, Moïse, Bouddha, Mahomet et Baha’u’llah, le dernier en date. Chaque messager a confirmé et complété la révélation précédente comme les chapitres successifs d’un livre sacré en l’adaptant aux besoins et à la compréhension des peuples de leur temps.
Cette religion universelle prône l’unité des êtres humains. « Les préjugés de toute sorte –de race, de classe, de couleur, de croyance, de nation, de sexe et de degré de civilisation matérielle – sont des causes de conflits », peut-on lire dans un document distribué aux membres de la communauté. Les Ecrits de Baha’u’llah doivent contribuer à atteindre plusieurs objectifs spirituels et sociaux. Parmi eux, figure l’égalité des droits de l’homme et de la femme, notamment en termes d’éducation. Autres objectifs : « l’abolition des extrêmes dans la pauvreté et la richesse » ou encore « l’adoption d’une langue auxiliaire universelle enseignée dans toutes les écoles du monde en plus de la langue maternelle ».

ORGANISATION
Les Baha’is revendiquent 7 millions de fidèles dans le monde et 120 000 localités comme Poitiers où cette religion a été introduite par des soldats américains après la Deuxième Guerre mondiale. Les Ecrits baha’is seraient traduits en 801 langues et dialectes. Le centre spirituel se situe sur le Mont Carmel à Haïfa en Israël, lieu du dernier exil de Baha’u’llah. Les communautés locales et nationales élisent des « assemblées spirituelles » qui, à leur tour, choisissent tous les cinq ans, les neuf membres de la Maison universelle de justice, corps suprême de la foi baha’ie. Depuis 1948, la communauté internationale baha’ie est accréditée auprès des Nationales Unies en tant qu’Organisation non-gouvernementale (ONG).

Plus d’infos : www.bahai.fr

Le prochain épisode de cette série sera consacré aux Anglicans du Poitou.

 

Claire Brugier - Romain Mudrak

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