De l’ingénierie à la Ludibrairie

Ingénieurs de formation, Julie Frottier et Maxime Régnier ont quitté la logistique et l’enseignement il y a deux ans pour un projet novateur, en centre-ville de Poitiers : lancer leur propre boutique, mêlant jeux et littérature. Ils racontent.

Steve Henot

Le7.info

Période des fêtes oblige, la boutique a connu une belle fréquentation en décembre. De bon augure pour une activité lancée il y a seulement… cinq mois. 
« Ça prend du temps, mais le bouche-à-oreille fonctionne plutôt bien », confie Julie Frottier, à la tête de la Ludibrairie, rue de l’Eperon à Poitiers. La jeune trentenaire et son associé, Maxime Régnier, ont tous les deux quitté leur job -lui, prof de maths, et elle, cadre dans la logistique- pour tenter « quelque chose qui [les] passionne plus ». Le jeu de société s’est imposé d’emblée, puis s’est ajoutée la littérature. « Il y a un marché qui se développe et ce sont deux loisirs qui se parlent beaucoup », souligne Maxime.


« Plus enclin à prendre des risques »

La pandémie a conforté leur envie, de même que la reconversion réussie de l’un de leurs amis. « On l’a senti beaucoup plus épanoui, confie Julie. S’il l’a fait, pourquoi pas nous ? » Maxime, lui, avait déjà connu la bascule, de l’ingénierie à l’enseignement. « Mais au bout de trois ans, ça commençait à me peser », dit-il, toujours en disponibilité. Pour Julie, cela a été une première, un saut dans l’inconnu. Ou presque. « On voulait aller assez vite après avoir trouvé le projet, explique-t-elle. L’Alca (agence culturelle) propose une petite formation de libraire, mais pour 90% ce sont des choses que je maîtrisais déjà. Faire des calculs de marge, par exemple, me paraît évident. » L’ingénieure de formation a tout de même effectué un stage d’un mois dans une librairie pour en apprendre plus sur la partie commerciale, tout en se formant au métier à l’aide de ressources partagées par une professionnelle du secteur.


Julie a aussi participé aux Inventives, un appel à projets dédié aux femmes du territoire pour valider la faisabilité de leur idée d’innovation. 
« Ce genre d’atelier permet de se tester, de confronter son projet, reconnaît la jeune femme. Quand on se lance dans l’entrepreneuriat, on reste souvent seul, de peur de se faire piquer le projet. Mais en parler est hyperimportant, ne serait-ce que pour prendre les contacts de la Chambre de commerce et d’industrie, de J’adopte un projet, etc. Il existe certes beaucoup de ressources en ligne mais il faut aussi sortir de chez soi. » 
Auparavant installés en région parisienne, les deux associés ont jeté leur dévolu sur Poitiers en raison de son dynamisme économique, plutôt porteur autour du jeu (164 acteurs recensés par Grand Poitiers). Sans regret. 
« En sortant de l’école, on vise la sécurité du CDI, mais à la trentaine, on est plus enclin à prendre des risques. On se dit alors que c’est maintenant ou jamais. »

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