Générations tatouage

C’est Florence qui a succombé la première, puis sa fille Fanny et désormais son petit-fils Eliote. Dans cette famille de Scorbé-Clairvaux(*), pas une génération ne résiste à l’appel du tatouage.

Claire Brugier

Le7.info

En 2003, dans la Vienne, les salons de tatouage se comptaient sur les doigts d’une main et les tatoueurs étaient tous des hommes. Florence Faucon n’a pourtant pas tergiversé quand elle a ouvert en avril de cette année-là sa boutique… à Scorbé-Clairvaux, loin de la ville mais aussi de l’univers alors 
« assez hardcore » du tatouage. « J’avais toujours fait du dessin, de la peinture, raconte-t-elle. Je travaillais pour des antiquaires, pour les décors de plateaux télé, je peignais des faux marbres, des faux bois… » Jusqu’à ce que, de passage à Paris, la Châtelleraudaise se retrouve dans une convention de tatouage, au Bataclan. Elle s’est alors entichée de cette autre façon de dessiner et, dans la foulée, a acheté un dermographe. Après quelques tests sur de la peau de porc, Florence s’est rapidement essayée sur l’épiderme de ses proches. Un premier dessin, puis deux, trois… Le cinquième est venu orner la peau de sa fille de 
14 ans. Et si la passion du tatouage se transmettait par les aiguilles ? « Je dessinais beaucoup mais je ne voulais pas faire ça au début », confie Fanny. La jeune femme aujourd’hui âgée de 
35 ans a expérimenté d’autres arts, notamment le théâtre, avant de se laisser rattraper. 
« Maman m’avait montré les bases et Fako, un tatoueur de Saumur, a complété ma formation. J’y suis allée doucement. » 
Mais sûrement puisqu’il y a sept ans elle s’est installée à son compte.

« Ça rend les gens heureux »

Ne cherchez pas l’enseigne Faya Tattoo. Fanny communique via Facebook, Instagram et TikTok. Là n’est pas la seule différence avec Florence. La mère et la fille ont chacune leur style, le figuratif et les couleurs pour la première, le géométrique et le dotwork (motifs en points) pour la seconde, et chacune satechnique, son matériel et sa clientèle « de partout ».

« Il y a vingt ans, il fallait tout faire soi-même, souder les aiguilles, faire la stérilisation, préparer les calques à la main… raconte Florence, 57 ans. Pour mes recherches graphiques, j’allais à la bibliothèque. Personnellement, je suis venue à cette pratique pour le dessin et parce que ça rend les gens heureux. J’ai très peu de tatouages. » Fanny en a davantage et son fils aîné Eliote, 15 ans, déjà quelques-uns. « Les trois principaux, sur les bras, sont des tatouages thérapeutiques », glisse sa mère. Ils ont guéri l’adolescent de son envie de se scarifier, pas de celle de dessiner des mangas sur les peaux. Eliote se défend -pour le moment- de vouloir s’inscrire dans la lignée familiale. Il voudrait être « éducateur dans les arts ». Mais il prévoit aussi de voyager en van jusqu’au Canada… avec son dermographe. « De toute façon, il y aura forcément un moment où je finirai tatoueur ! », lâche-t-il. Quand on a réalisé son premier tatouage à 9 ans…

(*)Florence, Fanny et Eliote ont fait l’objet d’un reportage de Familles extraordinaires sur 6ter.

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