Les grands chantiers face à la crise

La conjoncture ne facilite pas la vie des promoteurs immobiliers, publics comme privés. La rédaction fait le point sur les principaux programmes en cours.

Romain Mudrak

Le7.info

A Poitiers, l’un des programmes immobiliers les plus importants qui sera livré en 2023 est situé en centre-ville, rue de la Trinité. L’ancienne maison diocésaine s’est muée en résidence seniors proposant 108 logements, du studio au T4, et 6 maisons individuelles avec des services associés et la présence de personnels quali- fiés. Sur place, les travaux sont en cours de finition. Le promoteur Acapace prévoit d’ouvrir pas moins de 13 résidences Les Jardins d’Arcadie cette année (64 au total à la fin de l’année), dont, au printemps, celles de Poitiers et de Châtellerault où 93 appartements sont aussi en cours d’aménagement dans l’ancienne maison de retraite de l’hôpital.

A Pouzioux-la-Jarrie, la mobilisation continue du côté des habitants opposés à la construction de 45 appartements sur le stade de football. La mairie organisera une réunion publique en mars. En revanche, les nombreux chan- tiers du Pont-Neuf avancent, tout comme le nouveau Foyer des jeunes travailleurs qui accueillera ses premiers locataires aux Couronneries dans les prochaines semaines. Ce bâtiment de 2 400m2 construit en quinze mois seulement contre dix-huit habituellement pourra abriter une centaine de jeunes de 18 à 30 ans. Juste à côté, la démoli- tion de la tour emblématique du quartier débutera en mars. Cette année devrait aussi voir le lance- ment d’un autre programme très attendu : la cité de la Traverse, cédée à Pulsar immobilier dès 2019. « Des fouilles archéolo- giques doivent être réalisées mais nous sommes confrontés à des délais dingues, confie le promoteur Alexandre Massias. Nous n’avons pas démarré la commercialisation pour ne pas faire attendre trop longtemps nos clients. »

Impossible de construire plus vite

D’une manière générale, les promoteurs sont tous confrontés à une « envolée des prix des matériaux impossible à répercuter sur les prix de vente », poursuit Alexandre Massias. Lui compte sur l’ingéniosité des architectes et de ses autres partenaires pour limiter la hausse. D’autant que cette situation se double d’une augmentation des taux d’intérêt sur les crédits immobiliers : « Des clients finançables il y a six mois ne le sont plus forcément maintenant. » De quoi freiner la dynamique du marché. Du côté des bailleurs publics, les mêmes problèmes se posent. Plus un autre : la revalorisation du taux d’intérêt du livret A qui passera à 3% le 1er février. Or, ce qui bon pour l’épargnant ne l’est pas pour Ekidom qui en tire, comme les autres opérateurs, une bonne partie de son financement. « A chaque fois que le livret A augmente de 0,5 point, c’est 1M€ de charges financières supplémentaires », détaille sa directrice Stéphanie Bonnet. Compliqué, dans ces conditions, de construire plus vite malgré l’insistance du préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier, qui a rappelé récemment devant la presse que 9 200 personnes étaient actuellement en demande d’un logement social dans la Vienne.

Les bailleurs publics mis à contribution
Les besoins en logements sociaux ne cessent d’augmenter dans la Vienne. Mais la conjoncture n’est pas très favorable pour les bailleurs publics. « La hausse des prix des matériaux et de l’énergie nous concerne évidemment mais l’augmentation du taux d’intérêt du livret A va aussi nous priver de 2,3M€€ cette année », note Elisabeth Naveau-Diop, présidente d’Ekidom. L’office HLM devrait ainsi mener à bien une cinquantaine de projets de constructions neuves en 2023 contre quatre-vingts en 2021. En revanche, les travaux d’isolation et d’amélioration des performances énergétiques ne devraient pas subir la même ten- dance. « Notre priorité est la réhabilitation énergétique du parc », rappelle la vice-présidente de Grand Poitiers. Une manière de réduire les consommations dans les immeubles existants. Le préfet de la Vienne, Jean-Marie Girier, a rencontré ces derniers jours l’en- semble des bailleurs sociaux pour faire le point sur leur capacité d’investissement et leur rappe- ler les besoins en constructions neuves. Sans annonce particulière sur l’évolution de la politique de l’Etat. 9 200 personnes seraient actuellement en attente d’un tel bien à loyer modéré. Habitat de la Vienne, présent sur deux cents communes du département, a érigé 115 logements neufs en 2022 et envisage d’en construire 240 cette année, en priorité dans les communes soumises à la loi Solidarité renouvellement urbain. « Pour nous, l’inflation et le livret A constituent une sorte de bosse qui devrait durer deux ou trois ans, selon le directeur de l’office, Pascal Aveline. Notre trésorerie est saine, ce qui devrait nous permettre d’absorber les hausses. » Habitat de la Vienne et Ekidom possèdent chacun environ 12 000 logements sociaux dans la Vienne.

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