Steve Henot

Le7.info

Ils tenaient à marquer le coup. Hier, lundi 30 janvier, des magistrats ont boycotté l’audience solennelle de rentrée du tribunal judiciaire de Poitiers pour dénoncer « le manque d’effectifs » et une « insuffisance chronique de moyens », lesquels engendrent un ralentissement de l’activité et un allongement des délais de traitement. Un bref texte explicatif, rédigé par les représentants syndicaux des agents, fonctionnaires et magistrats a été laissé sur les bancs du tribunal. « Depuis la tribune des 3 000(*) qui sont aujourd’hui 7 000, la situation s’est encore plus dégradée et elle va s’aggraver dans les six mois qui viennent », déplore Stéphane Winter, représentant syndical des magistrats. Dans ses réquisitions, le procureur de la République Cyril Lacombe a reconnu que « la bonne volonté ne suffit pas à pallier le manque d’effectifs » et a donc annoncé la suppression d’une quarantaine d’audiences, dont certaines au pénal, à Poitiers. Une décision rare qui va allonger certains délais. « La hiérarchie a pris conscience qu’on ne pouvait plus continuer comme ça, c’est une manière de nous protéger, observe Stéphane Winter. Mais cette suppression porte atteinte à la souffrance éthique. Cela nous touche, continue d'atteindre notre moral. » Les magistrats espèrent l’arrivée de renforts en avril et, en septembre, de magistrats sortis d’école.

(*)Le 23 novembre 2021, un collectif de juges, substituts et greffiers avait rédigé une tribune dénonçant l'approche « gestionnaire » de la justice, après le suicide d'une de leurs collègues, le 23 août 2021.

À lire aussi ...