Gaëlle Pepin-Le Hennanf se recycle

Gaëlle Pepin-Le Hennanf. 34 ans. Porteuse d'un projet de tiers-lieu dans l'ancienne laiterie d'Archigny. En transition professionnelle après un burn out en 2021. "Têtue et entière", la Châtelleraudaise pur jus est aussi double championne départementale de tir sportif à 25m.

Arnault Varanne

Le7.info

Elle est très attachée à sa ville, qu’elle n’a désertée que quelques mois pour suivre une licence professionnelle de gestion des partenariats logistiques à Saint-Nazaire. Et encore, en alternance. « On est bien à Châtellerault, je ne vois pas de raison de partir. J’ai ma famille, mes amis, une maison... », glisse Gaëlle Pepin-Le Hennanf, attablée dans un bar du boulevard Blossac. La jeune femme de 34 ans rembobine le fil autant qu’elle tire des plans sur la comète. D’hier à demain, elle perçoit de son parcours une même « quête de sens ». Elle qui se rêvait pilote de chasse 
-« j’ai grandi avec un papa salarié chez Thalès avec une photo de Mirage 2000 dans le salon »- aurait pu embrayer sur une école de commerce, qui avait la préférence de son père. Mais la vie n’est pas forcément une histoire de ligne droite. Et Gaëlle a bifurqué vers un autre domaine. Un an chez Thalès au service achats, douze chez Coulot Décollatage à l’administration. Et puis, il y eut ce coup d’arrêt en mars 2021. 
« Un burn out, prolonge-t-elle. Je ne pouvais plus, je n’en pouvais plus... » Ses deux enfants -8 et 6 ans et demi aujourd’hui- l’ont aidée à « tenir debout », au sens premier du terme.

Burn out, un avant 
et un après

L’épuisement professionnel en bon français a laissé des traces, mais a aussi fait germer chez elle des envies d’horizons professionnels « différents ». « Je ne voulais pas juste retrouver un job, je voulais m’embarquer dans un projet qui ait du sens. Le soleil se lève toujours après la nuit. » Ses convictions personnelles et un bilan de compétences l’ont emmenée sur une piste à creuser, résumée par un mot « tendance » : 
recyclerie. « La première fois qu’on m’a parlé d’un tiers-lieu, je me suis posé la question : un tiers quoi ? » Des formations auprès de l’AFIPaR de Compost’âges et de l’incubateur Pop se sont enchaînées. Au point que Gaëlle Pepin-Le Hennanf porte aujourd’hui très officiellement le projet « Locus », lieu en latin. Un tiers-lieu donc, dont le décollage à titre expérimental est prévu en septembre 2023. Elle a monté un collectif de dix personnes, visité les Usines pour s’inspirer, regardé les bonnes initiatives partout en France avant d’aller plus loin. La voilà aujourd’hui aux portes d’une grande et belle aventure partagée. « Avec plus d’ambition que de confiance », reconnaît la Châtelleraudaise.

L’ancienne laiterie d’Archigny servira de « QG » au projet. Archi-quoi ? « Honnêtement, avant qu’on me parle de cette possibilité, j’avais du mal à situer Archigny sur la carte. J’y étais allée au lycée avec une correspondante canadienne puisque la commune est située sur la ligne acadienne. Mais depuis... » Le tout est asséné avec une forme de sincérité assumée et pas calculée. La jeune femme fait avec ce qu’elle est, ce qu’elle a aussi. Elle anticipe déjà le grand baptême du feu du 28 mars, à 19h30 à la salle des fêtes d’Archigny, devant les habitants, les élus, la Région, le Département... Espaces de co-working et recyclerie, services de location de vaisselle et de petit outillage, formations et mini-ferme pédagogique pourraient voir le jour dans un avenir plus ou moins proche.

Faire sa part

« Je me surprends parfois à mener ce projet. Il m’a fallu un petit grain de folie pour avancer ! » Deux ans après son burn out, la double championne départementale de tir sportif à 25m puise dans les vertus de la discipline pour trouver la sérénité et le calme qui lui manquent parfois. Elle se reconnaît volontiers « têtue et entière », 
ce qui constitue évidemment deux qualités qui peuvent aussi se révéler être « de vrais défauts ». 
Les vicissitudes du climat la font enrager, alors elle s’efforce de faire sa part. La trentenaire a créé une micro-entreprise de rénovation de meubles à base de produits biosourcés. Elle s’est promis de lire Le monde sans fin du duo Christophe Blain-Jean-Marc Jancovici. La BD attend son heure au côté du Manuel d’Epictète, socle du stoïcisme. Qui rappelle l’essentiel, à savoir n’attacher d’importance qu’à ce qui dépend de nous, les opinions, désirs et pensées pour, en les contrôlant, devenir libre. Le livre lui a été conseillé par Guillaume Pulyk. Le chargé de mission de l’incubateur Pop est devenu une sorte de 
« mentor de proximité ». Ça tombe bien, la porteuse de projet n’a pas l’intention de s’accomplir ailleurs qu’ici.

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