Mineurs délinquants cherchent familles d’accueil

La Protection judiciaire de la jeunesse dispose à Poitiers d’une unité dédiée à l’hébergement et l’accompagnement des 13-18 ans ayant commis un délit, vol, violence, trafic... Elle recherche activement de nouvelles familles d’accueil.

Arnault Varanne

Le7.info

C’est un service que seuls les initiés de la justice connaissent. L’Unité éducative d’hébergement diversifié renforcé (UEHDR) Poitou-Charentes, qui dépend de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), se charge d’accompagner des mineurs délinquants sur la voie d’un avenir meilleur. « La délinquance est toujours le symptôme de quelque chose, nous sommes donc dans une logique éducative globale. Nous travaillons sur tous les aspects : insertion, santé physique et psychique, relations familiales, socialisation... », 
insiste le directeur de l’unité, Yann Le Bail. Dans ce cadre, le placement en famille est très souvent privilégié pour les 13-18 ans, en alternative aux centres éducatifs fermés.

Entre neuf et onze mois

Ainsi, sur l’ensemble de l’ex-Poitou-Charentes, une quinzaine de familles ouvrent les portes de leur maison aux 13-18 ans sortis du cadre, pour de multiples raisons. La PJJ en cherche de nouvelles, dans la Vienne et les départements limitrophes, pour accueillir un jeune « le temps d’un week-end relais voire plusieurs mois ou années », 
appuie Yann Le Bail. L’activité bénévole -les familles touchent 40€ par jour pour le gîte et le couvert- s’accompagne d’une liberté d’engagement. Elles peuvent suspendre ou arrêter leur participation à n’importe quel moment et quel que soit le motif. Précision importante : les éducateurs voient les jeunes placés au moins une fois par semaine. En moyenne, ces derniers restent « entre neuf et onze mois » 
 au domicile des particuliers.

« Ne pas essayer 
de les sauver »

« Nous, c’est allé jusqu’à seize mois », abondent Robert et Chantal(*). Le couple du Nord-Charente est bénévole depuis six ans et parle donc d’expérience à l’heure de dresser la liste de ce qu’il faut faire... et ne pas faire. « Des règles ? On n’en met pas beaucoup. On demande à ce qu’ils soient corrects, déjeunent et dînent avec nous, soient propres et nettoient leur chambre une fois par semaine. » 
Et Chantal d’ajouter un conseil fondamental à l’attention des futurs volontaires : « Il ne faut pas essayer de sauver ces jeunes, on n’est pas là pour ça mais plutôt leur apporter compassion et bienveillance. »
 Bénévoles chez Emmaüs, les Charentais proposent systématiquement aux jeunes de les accompagner. Car là-bas 
« personne ne prend de gants avec personne, ça leur fait du bien ». Bien sûr que les excès d’hier -addictions, fugues...- ne disparaissent pas du jour au lendemain. Mais « on n’est pas là pour les juger ou les culpabiliser », développe Chantal. Au relais, éducateurs (10) et psychologues (2) de l’UEHDR assurent la continuité 7j/7 et 24h/24. « On trouve toujours des solutions pour apaiser les tensions », commente Audrey Kneip, psychologue. Le nombre de jeunes accueillis est de vingt au maximum. D’où une réunion d’information, vendredi, à 18h à Poitiers. Toutes les familles intéressées, dans leur diversité, sont les bienvenues.

UEHDR, 7, rue Aliénor-d’Aquitaine, à Poitiers. Tél. 05 49 61 49 00 - uehdr-poitiers@justice.fr. 
Les personnes intéressées peuvent envoyer directement 
un CV et une lettre de motivation par courriel ou voie postale.

(*)Prénoms d’emprunt à la demande du couple.

DR Adobestock

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