Les négociations vont commencer au sein d’Itron à la suite de l’annonce de la fermeture, en 2024, du site de Chasseneuil-du-Poitou. Parmi les salariés, on ne comprend pas cette décision radicale du groupe américain.
« Pourquoi ferme-t-on Chasseneuil ? Nous avons prouvé notre savoir-faire. » Si elle n’a pas franchement surpris, l’annonce le 9 mars dernier de la fermeture du site Itron de la Vienne à l’horizon 2024 a suscité bien des incompréhensions dans les rangs des 145 salariés. Delphine Texier, secrétaire Unsa du Comité social et économique (CSE), dénonce « clairement une décision de stratégie » de la part du groupe américain spécialisé dans la fabrication de compteurs et appareils de mesure. « On craignait une réorganisation mais pas jusqu’à une fermeture du site », commente Odile Valko, représentante CGT. Les arguments avancés par le groupe d’une « réorganisation au niveau mondial » induisant « des mesures structurelles pour rester compétitif » ne convainquent pas. Pas plus que le plan social qui, en 2015, avait abouti à la suppression de
124 postes. Chasseneuil était alors devenu « un site mono-client et mono-produit » produisant par millions -14 en moins de cinq ans- des compteurs Linky pour Enedis, tandis que la fabrication de compteurs industriels était délocalisée vers la Hongrie puis l’Indonésie. Avant une relocalisation…
« Pour anticiper la fin prévisible du déploiement du Linky en France, Itron a cherché très tôt à maintenir la viabilité du site de Chasseneuil-du-Poitou, relocalisant même des lignes de production depuis la Hongrie, explique le groupe dans un communiqué. Malheureusement, les pénuries de composants électroniques à répétition subies par l’industrie et les hausses des prix jamais vues qui s’en sont suivies nous obligent à envisager la fin de vie des produits relocalisés. »
Lesdits compteurs, à destination des marchés allemand et anglais, auraient nécessité des améliorations qui sont toujours restées à l’état de projets.
« Nous avons plein
de questions »
Ces dernières années, Itron a fermé ses sites de Reims, Haguenau, vendu celui d’Argenteuil. Le plan envisagé à Chasseneuil, où une rupture conventionnelle collective a généré depuis un an et demi le départ d’une dizaine de salariés, prévoit la suppression de 110 postes, du télétravail pour 25 et le transfert de
10 opérateurs de production vers Mâcon. Voué à devenir multi-énergies (eau, gaz, électricité), le site de Saône-et-Loire hériterait donc de la fabrication des Linky pour le marché de renouvellement.
« Nous avons plein de questions car nous possédons à Chasseneuil des laboratoires et une expertise qui intéressent l’ensemble du groupe, note Delphine Texier. Les clients ont de quoi s’inquiéter. » Le processus ne fait que commencer. Une première réunion a eu lieu vendredi dernier. Sans accord de méthode, Itron aura trois mois pour confirmer son plan auprès de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.