Jobs saisonniers : de l’appétit pour l’animation, moins pour la restauration

Grand consommateur de travailleurs saisonniers, le secteur du tourisme recouvre une diversité de métiers qui ne connaissent pas tous les mêmes problématiques de recrutement.

Claire Brugier

Le7.info

Moteur de l’activité touristique dans la Vienne, le Futuroscope marque également de son empreinte le travail saisonnier. Dans son sillage, la saison y est plus étendue, d’avril à fin août, avec selon l’Insee une activité accrue dans les domaines de l’hébergement-restauration mais aussi des arts, spectacles et activités récréatives. Juillet et août constituent toutefois un pic d’activité avec, particularité du secteur, des contrats saisonniers dont la durée médiane est plus longue, soit 29 jours
contre 23 ailleurs.

Chaque site, à son échelle, fait appel à des travailleurs temporaires : une vingtaine au plus fort de la saison estivale à la Vallée des Singes à Romagne, 124 l’an dernier au CPA de Lathus (+10% par rapport à 2018 et 2019), et jusqu’à 900 au Futuroscope. Partout, la notoriété du lieu est un atout, qui n’exempte toutefois pas les sites de travailler leur « marque employeur » 
et de « multiplier les points d’attaque : l’ambiance, l’acquisition de compétences applicables ailleurs… », énumère Laëtitia Riveron, responsable des ressources humaines au Futuroscope. Les candidatures spontanées, majoritairement de proximité, constituent toujours un vivier fiable pour l’animation, même si « post-Covid, de plus en plus de personnes ne veulent pas assurer un mois complet », note Nathalie Audiguet, directrice de La Vallée des Singes.

Un panel de métiers

En Nouvelle-Aquitaine, le tourisme concentre la moitié de l’emploi saisonnier, avec 44% de moins de 26 ans et des aspirations qui varient du simple « job d’été » au choix de vie. Autre particularité, le secteur présente une grande variété de métiers, soit presque autant de problématiques de recrutement. Ainsi, à la Vallée des singes, 
« pour les soigneurs-animaliers, nous n’avons pas de souci, souligne Nathalie Audiguet. C’est un métier passion, nos saisonniers ont souvent déjà fait des stages chez nous. » Pour l’accueil-boutique, les étudiants répondent présent. L’affaire se complique pour recruter un ou deux agents d’entretien supplémentaires. « C’est un métier spécifique et important pour l’entreprise mais il n’est pas très valorisé. » 
A Romagne, la partie restauration est sous-traitée, pas au Futuroscope qui, « en réponse à un marché tendu », a mis en place depuis quelques semaines « une formation de neuf mois -un Certificat de qualification professionnelle- assortie d’un engagement de recrutement », précise 
Laëtitia Riveron. La tension sur la restauration est la même au CPA de Lathus, alors que 
« nous n’avons pas de difficultés sur les postes d’animation », constate Lauriane Duperal. Non seulement la structure est formatrice (certificat et brevet professionnels de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport, animateur équitation…) mais, autre argument de poids, une majorité de saisonniers -71 en 2022- sont recrutés pour les camps d’été, en contrat d’engagement éducatif, donc 
« logés et nourris du dimanche après-midi au vendredi soir ».

Crédit photo : Futuroscope.

Témoignage
« J’avais de bons souvenirs »

Actuellement étudiant à Nantes en licence de biologie, Maë Regaldie, 25 ans, entamera en juillet sa troisième saison à La Vallée des Singes, à Romagne. « Je cherchais un job pour financer mes études quand je suis tombé à Pôle emploi sur une annonce pour La Vallée des singes. J’avais de bons souvenirs de là-bas. A la base j’ai répondu pour un job dans la restauration, confie le jeune homme originaire de Poitiers. Mais dans ma lettre de motivation j’avais écrit que je connaissais la Vallée des singes depuis longtemps. Lorsque je me suis présenté à l’entretien, la directrice Nathalie Audiguet m’a proposé un poste à l’accueil-boutique. Avant j’avais fait un peu d’intérim, un service civique, mais c’était la première fois que je restais les deux mois d’été au même endroit. L’an dernier et cette année j’ai recontacté le parc spontanément, ce sera cet été ma troisième saison. » Et pour l’hébergement ? « Je loge chez ma mère, à Poitiers Sud. Cela fait un peu loin… Cette année, sachant que je vais devoir garder mon appartement à Nantes, je me suis posé la question de chercher un autre job d’été à proximité mais l’avantage de la Vallée des singes, c’est que je connais déjà, je sais comment ça se passe et c’est sympa. La moitié de l’équipe, ce sont des saisonniers qui reviennent d’une année sur l’autre. Et puis je suis à proximité de ma famille que je ne vois pas souvent le reste de l’année. » Financièrement, « j’écoule ce que je gagne tout au long de l’année pour le loyer, l’alimentation, les transports… Et pour ce qui est des vacances, étant étudiant, j’ai le mois de juin, après les examens, pour en profiter. »

À lire aussi ...