Julien Dumas, In vino
 veritas

Julien Dumas, 41 ans. Électricien de formation. Bifurque vite vers la restauration et ouvre son premier établissement à Poitiers dès l’âge de 24 ans. Pionnier de la vente de vin biodynamique et naturel sur Internet avec petitbouchon.fr, il a décliné sa marque en cave et restaurant à Chasseneuil.

Romain Mudrak

Le7.info

Il aime la récup’ ! Les éléments de décoration de son restaurant étaient déjà là à son arrivée. 
« Quand l’enseigne Courtepaille est partie, les salariés ont tout laissé. Il restait même un steak sur le gril », se souvient Julien Dumas. Un coup de peinture, des meubles, chaises et banquettes à customiser, et voilà comment a démarré la nouvelle aventure du Petit Bouchon, à Chasseneuil-du-Poitou. « Mais je voulais aussi donner une âme au lieu et faire en sorte que les clients comprennent immédiatement notre façon de travailler. » 
Alors le gérant a fait imprimer les photos de ses fournisseurs fidèles en grand format sur des panneaux en bois. « C’est le bois des palettes sur lesquelles je recevais les caisses de vin quand j’ai commencé dans mon garage. » Tout un symbole. Ils sont une dizaine, suspendus à la vue de tous. Thierry le boulanger de Poitiers, Ludovic, le fermier de Pleumartin qui lui livre les œufs au milieu de la nuit, le producteur de fromages de Celle-L’Evescault ou encore Julien Maillé, viticulteur à Plan-sur-Garonne. « Typiquement, lui fait partie des vignerons qui échappent totalement aux circuits de la grande distribution et même des cavistes. » Ce sont eux, ces professionnels méconnus du vin biodynamique et naturel que Julien Dumas est allé chercher le premier au moment de créer son site petitbouchon.fr. 
« En 2017, personne n’en parlait ! » Ses abonnements sous forme de box cadeaux ont très vite connu un certain succès. Son fameux garage à Blaslay est devenu trop petit. Et c’est en cherchant au départ un lieu de stockage qu’il est tombé sur les anciens locaux de Courtepaille, obtenus pour une bouchée de pain.


« Serial entrepreneur »

Cheveux grisonnants, jeans et baskets, Julien Dumas est un autodidacte de 41 ans qui aime entreprendre. Le Petit Bouchon est loin d’être sa première affaire. Cet électricien de formation a très vite bifurqué vers la restauration. D’abord en tant que serveur au Bureau, le pub bien connu de la rue Carnot, à Poitiers. « Je faisais ça en même temps que caissier à Géant pour gagner de l’argent. »


La mayonnaise prend, si bien que son patron de l’époque lui propose un CDI. Mais en 2006, à 24 ans, il veut créer son propre établissement. Il ouvre le Saint-Paul-de-Vence, place Montierneuf. Tout va très vite. Trois ans plus tard, Julien Dumas s’associe à Manuel Petreau, son « collègue de Bureau », devenu son ami, pour créer d’abord Le Café populaire, place de la mairie à Poitiers, puis en 2011 Plancha & Cie. « Avec Manuel, on s’inspire mutuellement, nos parcours sont très liés, on est complémentaires. » Tous les deux sont restés voisins puisque le second a pris des parts dans la Javette, un autre restaurant de la Technopole.


Des histoires 
de vignerons

Pendant ses vacances, Julien Dumas ne rate pas une occasion de visiter les domaines viticoles. Surtout les petites structures. Sa passion pour le vin l’a d’ailleurs rattrapé. Il a tout lâché pour son site Internet. « Au début, mon père m’aidait à emballer les box ! » Il commande des fiches techniques à David Rougier, sommelier et fils de Christian, un chef cuisinier bien connu sur la place. Mais le partenariat ne dure qu’un temps. « Je pense que la plupart des gens veulent parler simplement du vin, de sensations. Ils ont aussi envie de découvrir d’autres façons de faire du vin, plus naturelles. Et puis j’aime bien m’attarder sur l’histoire des vignerons qui ont une capacité énorme à se remettre toujours en question et à trouver des solutions à chaque événement climatique. » Julien Dumas évoque son ressenti sans pour autant se revendiquer expert du vin. « Bien sûr, il faut connaître la base, les cépages, les terroirs… Mais pour moi, la qualité d’un vin dépend beaucoup du cadre et avec qui on le partage. Si on passe une bonne soirée avec des copains, le vin sera bon ! » Dans sa vie « à 100 à l’heure », il s’accorde quand même régulièrement ce genre de moment. « Je ne laisse pas la place à d’autres passions. » En décembre 2021, ce « serial entrepreneur » a ouvert une cave à deux pas du restaurant, ainsi qu’une véritable plateforme logistique pour la préparation et l’expédition des box de vins bio. Exit le garage ! Le Petit Bouchon est devenu grand et emploie désormais dix-huit collaborateurs. Le soir venu, le nouvel endroit se mue en « lounge bar » 
afin d’accueillir un autre type de clients, amateurs de dégustation et de convivialité. L’occasion de partager d’autres histoires de vignerons.

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