L’amour qui cache la forêt

Après la passion des débuts, une femme prend peu à peu conscience qu’elle est sous l’emprise de son mari. Adapté d’un roman de Eric Reinhardt, L’amour et les forêts est un thriller psychologique aussi abouti sur le fond que sur la forme. Une réussite.

Steve Henot

Le7.info

L’amour lui est tombé dessus au moment où elle ne l’attendait plus. Blanche a eu le coup de foudre pour Grégoire, son assurance, sa beauté et son verbe. Leur histoire est passionnée, précipitée aussi. Au bout de quelques mois de relation, le couple attend un enfant et décide de déménager loin de la famille de Blanche, notamment de sa sœur jumelle. Mais alors que démarre leur nouvelle vie, l’enseignante découvre la part sombre de son mari. Et réalise peu à peu qu’elle est sous l’emprise d’un homme jaloux et dangereux…

Adapté d’un roman éponyme de Eric Reinhardt, L’amour et les forêts est un long-métrage de plus sur le thème des violences conjugales. Comme d’autres productions récentes, le film de Valérie Donzelli illustre avec précision les mécanismes de l’emprise, souvent par la seule force de ses remarquables dialogues. Mais ici, en assumant pleinement sa part de fiction. En effet, la réalisatrice fait de ce drame intime un thriller psychologique intense, au suspense sourd et soutenu, très « hitchcockien ». Elle joue ainsi avec les éclairages (une belle photographie), avec les époques aussi -ici un intérieur vintage, là une voiture rétro-pour mieux nous immerger dans les émotions qui traversent les personnages, comme un huis clos mental. La chronique de cet enfer conjugal est d’autant plus saisissante qu’elle est tout en nuances : la victime n’apparait pas sans ressource, son bourreau cache derrière sa domination une faiblesse. Difficile de trouver à redire sur l’interprétation immense de Virginie Efira (dans un double rôle !) et de Melvil Poupaud. Une belle leçon de cinéma qui ne manquera pas de faire réfléchir sur un important sujet de société.

Drame de Valérie Donzelli, avec Virginie Efira, Melvil Poupaud, Dominique Reymond (1h45)

DR

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