La difficile lutte contre les cyanobactéries

Cet été, les cyanobactéries ont proliféré dans la Vienne, tout particulièrement au lac de Saint-Cyr où la baignade est interdite depuis le 14 juillet. Et pour l’heure, rien n’indique quand cela se terminera.

Eva Proust

Le7.info

Ces algues microscopiques font vivre un enfer aux gestionnaires de loisirs aquatiques depuis la mi-juillet. Le lac de Saint-Cyr est fermé aux baigneurs depuis presque deux mois et son parc reste ouvert gratuitement, mettant une partie du personnel au chômage partiel. « Un coup de massue », confie Christophe Jaulin, directeur de la Société anonyme pour la gestion et l’animation du parc de Saint-Cyr. La baignade a également été interdite pendant cinq semaines à Bonneuil-Matour entre le
19 juillet et le 25 août.

Le phosphate en cause

Une saison à perte et surtout une inquiétude : il n’existe aucune solution immédiate pour supprimer ou ralentir la prolifération des cyanobactéries. « Elles se développent quand il y a un surplus de phosphate dans leur environnement, explique Philippe Combrouze, ingénieur en hydrobiologie et créateur du laboratoire Aquagestion, spécialisé dans l’analyse des cyanobactéries. Ce phosphate n’est pas là naturellement. Il provient des eaux usées mal traitées, des dragages de produits phytosanitaires par les fortes pluies. »
Depuis le 13 juillet, les contrôles réalisés chaque semaine à Saint-Cyr restent au-dessus du seuil réglementaire. « On est à 0,18mg/l, 0,30mg/l, poursuit Christophe Jaulin. Il y a eu des tests pour savoir d’où cela vient. Au golf, on n’utilise pas de produits phytosanitaires, il n’y a pas d’engrais depuis cinq ans. »

Une prolifération continue ?

La réglementation sur la fermeture des baignades s’est renforcée en 2021 pour ne viser que les cyanobactéries connues comme toxinogènes. Elles libèrent des toxines nocives pour la santé humaine et animale. « Depuis 2022, on est passé d’un principe de précaution à un risque avéré », appuie Philippe Combrouze. Selon lui, il est très difficile de savoir combien de temps va durer cette prolifération. « La seule solution à long terme est de réduire les apports de phosphate. La chaleur de l’eau est une idée reçue sur le développement des cyanobactéries, certaines espèces évoluent à 5°C comme à 25°C. »
Lors des prélèvements, ce sont les sédiments au fond du lac (le benthique) qui sont analysés. Les cyanobactéries ne sont pas dans la colonne d’eau mais fixées au sol. « On a fait des prélèvements à plusieurs endroits, ajoute Christophe Jaulin. Ça nous a permis de rouvrir les activités nautiques. Avec un gilet de sauvetage, les gens ne touchent pas le lit du lac. » Pour maintenir la baignade, il faudra peut-être s’inspirer de l’exemple d’Eguzon, dans l’Indre. Là-bas, les élus ont fait installer un bassin dans lequel il n’y aura jamais de sédiments. Le coût : 1,6M€ pour une baignade de 17x10m. Reste à espérer des jours meilleurs pour le lac de Saint-Cyr et ses 85 hectares.

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