God save Kévin

Kévin Guillot. 28 ans. Spécialiste de la monarchie britannique. A rencontré Charles III lors de sa visite en France. Vient de consacrer un livre à William, le prince qui voulait être roi. Originaire du Jura, installé par amour à Iteuil depuis trois ans et demi. S’amuse des comparaisons avec Stéphane Bern. Signe particulier : crée des sites Internet au quotidien.

Arnault Varanne

Le7.info

22 septembre, à Bordeaux, place de la Bourse. L’échange a duré une poignée de secondes mais a semblé « une éternité ». On n’a pas tous les jours l’occasion de regarder Charles III dans le blanc des yeux, et même d’échanger quelques mots avec le monarque. « Je lui ai dit bonjour Votre Majesté. Il m’a répondu qu’il était déjà venu à Bordeaux. Et je lui ai précisé que c’était en 1977 », glisse Kévin Guillot. « King Charles » a tourné les talons, saluant son jeune interlocuteur d’un geste de la main et d’un sourire entendu. 
« Je parle tellement des Windsor au quotidien que j’ai ressenti beaucoup d’émotions. C’est une sorte de consécration ! » A 
la table des confessions, depuis son domicile d’Iteuil, le natif de Dole, dans le Jura, parle vite et clair. Il a ses entrées à l’ambassade du Royaume-Uni et presque son rond de serviette dans la plupart des chaînes de télévision françaises.

« Un Game of Thrones 
en mode réel »

Le décès d’Elisabeth II ? Il l’a appris « en direct sur France 24, au moment où je commentais son bilan de santé. J’étais au bord des larmes... » Le couronnement de Charles III ? « J’ai passé deux jours à répondre à M6, BFM et France Info. » Sa légitimité sur le destin des Windsor, Kévin la tient de son site monarchiebritannique.com, né en 2015, et de ses réseaux sociaux (YouTube, Instagram...), autour desquels gravitent quelque 70 000 abonnés. Le fils de chauffeur routier et d’agente de service hospitalier a commencé à s’intéresser au sujet « dès le collège. L’histoire britannique est ponctuée de guerres entre maisons et dynasties. C’est un Game of Thrones en mode réel. Il y a du sexe, de l’amour, des trahisons ! » Rien d’étonnant à ce que l’ex-étudiant en histoire de l’université de Besançon choisisse de consacrer son mémoire de thèse à Oliver Cromwell, 
« le seul homme qui a réussi à imposer une République en Angleterre ». C’était au XVIIe siècle et l’expérience a fait long feu.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts de la Tamise et Kévin 
Guillot regarde résolument devant. Il vient de sortir son premier ouvrage -550 pages à la pesée- sur William, le prince qui voulait être roi. Les 4 000 premiers exemplaires semblent déjà écoulés auprès des librairies de l’Hexagone. L’auteur ne boude pas son plaisir. De là à s’imaginer un destin à la Stéphane Bern... « Je lui ai envoyé le livre et il m’a complimenté. C’est évidemment un modèle pour 
moi. » Les deux se sont retrouvés aux funérailles du comte de Paris, en 2019. Paris, la capitale de la République, la ville où Kévin a atterri après Besançon, tel un Rastignac en mal de reconnaissance. A défaut de devenir journaliste, il a bossé deux ans comme rédacteur Web et marketing pour une grande marque de... cigarettes électroniques. Cocasse quand on ne fume pas !
 Et après... « Mon compagnon est originaire de Poitiers, je l’ai rejoint en mai 2020. »


La vie de château

De la Vienne, l’Iteuillais d’adoption aime tout, à commencer par « le patrimoine et la tranquillité ». 
Il s’y sent « très bien », hormis une anecdote plus sombre, sur le parking d’une moyenne surface de Vivonne. La résultante de l’homophobie ordinaire et une grosse frayeur pour lui. Jusqu’à son coming-out, à 20 ans, ce fan absolu de Mylène Farmer et 
« grand sensible » a vécu des années difficiles dans sa scolarité. « Je n’avais pas de copains, je préférais rester dans mon coin. » Kévin Guillot évoque du bout des lèvres « le harcèlement scolaire ». Ça va évidemment beaucoup mieux aujourd’hui, entre vie de couple accomplie, vie professionnelle naissante -il a créé sa propre entreprise- et narration quasi-quotidienne de la famille royale britannique. Il alimente aussi les réseaux sociaux du conte de Paris. Un deuxième livre est en préparation. De librairie en salon littéraire -samedi prochain à Angoulême-, le Jurassien semble avoir trouvé son équilibre. La vie de château ? 
« C’est mon rêve d’en acheter un, de le faire visiter, créer des chambres d’hôtes. Dans dix ans, peut-être... » En attendant, God save Kévin !

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