Elle se bat pour ses proches 
disparus en Irak

Réfugiée politique en France depuis 2016, Sarah Atalah a assisté, impuissante, à la mort de plusieurs de ses proches dans l’incendie de la salle qui accueillait un mariage à Bakhdida, le 26 septembre. Depuis, la néo-Française se bat pour remettre en cause la théorie de l’accident validée par les autorités irakiennes.

Arnault Varanne

Le7.info

26 septembre 2023, à Bakhdida. Ce devait être une fête inoubliable pour le millier de convives d’un mariage chrétien entre Haneen et Rivaan dans cette ville au nord de l’Irak, proche de Mossoul. Hélas, la fête a viré au drame peu après 
22h30 lorsque la gigantesque salle de 600m2 s’est embrasée, causant la mort de 132 personnes. 
Pour les autorités locales, l’origine de l’incendie ne fait aucun doute, il aurait été déclenché par des feux d’artifice. Mais depuis Poitiers, Sarah Atalah ne croit pas à cette version. La Franco-Irakienne de 24 ans a assisté au drame aux premières loges, en vacances dans son pays natal. Elle se trouvait juste à l’extérieur avec sa sœur et ses petits-
neveux. « Une dame est sortie en criant « ne rentrez pas, il y a le feu ! » On pensait que ce n’était pas grave… » En dix secondes, l’ingénieure chimiste a compris ce qui se passait, voyant avec horreur « une fumée blanche, épaisse et très toxique » emplir l’espace. « Les pompiers ont mis vingt minutes à arriver et ils n’avaient pas assez d’eau pour éteindre l’incendie… Et quelqu’un a cassé une cloison, ce qui a accéléré la combustion. » 
Quatorze de ses proches y ont laissé la vie, dont son beau-frère, ses tantes, leurs enfants, deux cousines, un cousin… « Il a perdu ses parents, ses deux sœurs et son frère. »


Rétablir la vérité

C’est pour leur mémoire que Sarah se bat, pour rétablir la vérité sur ce qui « n’est pas un accident ». D’abord parce que « le photographe du mariage n’a pas senti la chaleur des fumigènes, ce sont des feux d’artifice à effet de lumière ». Ensuite parce que « le directeur de salle s’est enfui en cassant les vidéos de surveillance » et serait « proche de Rayan Al Kildani », chef d’une milice locale. Enfin parce que l’Etat irakien a omis dans son décompte « trois cadavres qui se trouvaient dans une autre pièce », preuve selon Sarah de la légèreté de l'enquête. « Les personnes qui s’expriment à la télé ou sur les réseaux sociaux reçoivent des menaces », ajoute-t-elle. Sarah Atalah a choisi de dénoncer la situation auprès de médias nationaux et internationaux, mais le conflit entre Israël et le Hamas occupe toute la surface médiatique. Elle doit retourner à Bakhdida dans les prochains jours pour soutenir ses proches sur place. 


Dans le viseur

Les chrétiens d’Orient vivent depuis des années sous la menace de milices chiites. C’est d’ailleurs ce qui a poussé les Atalah à fuir d’abord vers le nord du pays puis vers la France lorsque l’Etat islamique faisait régner la terreur dans la région de Mossoul, en 2016. « Nous n’étions plus en sécurité et vivions sous la menace permanente d’attentats. » Aujourd’hui, selon nos confrères de La Croix, des milices chiites poursuivent le même objectif : conquérir le territoire, sous l’influence de l’Iran. La place des chrétiens chaldéens comme des syriens-catholiques se retrouve de fait menacée. Depuis dix ans, une dizaine de familles de Chrétiens d’Orient ont trouvé refuge à Poitiers, accueillies par la communauté de Salvert, à Migné-Auxances.

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