Aujourd'hui
Le Regard de la semaine est signé Axel Brevière.
J’ai téléchargé TikTok en 2018. Ce réseau social a bouleversé la consommation de contenu vidéo sur Internet. Les vidéos qui apparaissent à l’écran ne sont pas choisies par l’utilisateur. Elles sont présentées à lui en suivant un algorithme très complexe qui se base sur ce qu’il apprécie. Après l’avoir téléchargée, je n’avais plus qu’une action à réaliser : faire glisser mon pouce de bas en haut. Je pouvais alors regarder des centaines de vidéos sans interruption qui portaient sur des sujets que j’aimais.
Après trois ans d’utilisation, j’ai supprimé l’application. Je me suis rendu compte du danger que représente ce genre d’algorithme. Je n’arrivais pas à appréhender le temps que je passais sur le réseau, les vidéos proposées étant illimitées. Ces courts formats stimulent nos hormones du plaisir, et ce de manière répétée et instantanée. Notre cerveau en demande plus, il veut voir plus de vidéos de chats mignons ou de belles actions de football. J’avais donc arrêté la lecture qui me paraissait trop peu amusante face aux vidéos courtes. J’arrivais moins bien à me focaliser sur les cours et l’apprentissage me paraissait encore plus difficile. Je n’étais même plus assez concentré pour regarder un film. Quand je me réveillais le matin, je débloquais mon téléphone et mes doigts se dirigeaient tout seuls vers l’application qui me donnait tant de plaisir. Cliquer dessus est devenu une habitude. Les autres réseaux s’y étant mis aussi, tout sur mon portable m’aliénait en me donnant un plaisir qui ne dure pas.
Après des heures de visionnage, je me sentais impuissant, velléitaire, mou, comme émergeant d’un moment d’arrêt total de mes facultés cognitives. Je pensais aux vidéos que j’avais vues, à ce que m’avaient apporté toutes ces images mais je n’arrivais même pas à m’en souvenir. Je perdais aussi petit à petit mon esprit critique et la remise en cause des idées qui me traversaient car je ne regardais que des vidéos que j’étais susceptible d’aimer du fait de l’algorithme.
Au départ, personne ne soupçonnait l’addiction que pouvait provoquer ce format vidéo. Aujourd’hui, j’ai l’impression que de plus en plus de monde réussit à sortir de cette spirale et je m’en réjouis. Malheureusement, je vois encore trop de jeunes les yeux rivés sur de courtes vidéos. Si je n’ai pas le pouvoir ni le rôle de leur crier que je suis passé par là et leur expliquer tous les problèmes que ce plaisir instantané crée, je peux au moins l’écrire.
CV express
Né à Nantes mais ayant la Vendée dans mon cœur, je suis en licence lettres-sciences politiques à Poitiers. J'adore bouger et faire du sport. Pour moi, profiter de la vie consiste à multiplier les moments de bonheur. Je souhaite plus tard travailler à l'étranger et m'impliquer de toutes mes forces pour rendre la planète meilleure.
J'aime : l'humain, le surf, les débats, écouter les autres, les pâtes, m'instruire, le voyage, les rires, les expériences inoubliables, apprendre l'anglais.
Je n'aime pas : les fatalistes, le climatoscepticisme, ne rien faire, le café, les préjugés.
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