Antibiorésistance : une menace ?

Enjeu de santé publique, la consommation excessive des antibiotiques préoccupe les médecins dans la Vienne parce qu'elle favorise l’antibiorésistance.

Grégory Dyson

Le7.info

« Les antibiotiques, c'est pas automatique. » Rendue célèbre lors la campagne de santé publique menée par le ministère au début du siècle, le slogan perdure dans la mémoire collective. Désormais, les professionnels de santé veulent à nouveau prévenir la population avec le slogan : « Les antibiotiques, c’est quand il faut, comme il faut ». Une étude(*) a révélé que plus de 35 000 décès en Europe étaient imputables à une infection résistante aux antibiotiques.


« Un phénomène silencieux et invisible »

« C’est l’affaire de tous, lance le docteur Marc Besnier, président de la communauté professionnelle territoriale de santé de la Vallée du Clain. La résistance des bactéries aux antibiotiques menace l’efficacité des traitements permettant de soigner les infections. » Selon les médecins et chercheurs, il s’agit de l’une des plus grandes menaces sur la santé mondiale, qui pourrait engendrer davantage de morts que l’ensemble des cancers d’ici 2050. « C’est un phénomène silencieux et invisible », affirme la professeure France Cazenave-Roblot. La cheffe de service des maladies infectieuses au CHU de Poitiers évoque trois critères facilitant l’antibiorésistance : 
« le non-respect des doses et des délais de traitement, la forte consommation d’antibiotiques et leur usage inadapté. »

La France, important pays consommateur

Plusieurs statistiques évoquées lors de la Semaine mondiale du bon usage des antibiotiques, en novembre dernier, affichent une certaine dépendance aux médicaments. Par exemple, plus des deux tiers (71,4%) des antibiotiques dans la Vienne sont prescrits par les médecins généralistes (contre 68,9% dans le reste de la Nouvelle-Aquitaine). Par ailleurs, la France se classe 4e au classement des pays consommateurs d’antibiotiques en Europe. Alors pour « inverser la tendance », les professionnels de santé du département se mobilisent : référents infectiologues, soirées de sensibilisation, amplification de l’usage des tests de diagnostic rapide, promotion des gestes barrières et de la vaccination… « Avec de la formation et du conseil, nous allons fédérer un réseau pour une action de proximité et ainsi rappeler la population à ses responsabilités », assurent les médecins, conscients du chemin à parcourir.


Plus d’informations sur 
antibiomalin.fr.


(*)Etude du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.

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