Emilie : « Je ne serais plus là... »

Comme de trop nombreuses femmes, Emilie Proust a été victime d’un cancer du sein en 2021. Sa période de reconstruction physique à peine achevée, cette mère de famille témoigne de l’importance du dépistage précoce.

Arnault Varanne

Le7.info

L’année dernière, 61 214 nouveaux cas de cancer du sein ont été décelés en France. Age moyen des victimes : 64 ans. Selon l’Assurance maladie, 99% d'entre elles survivent à cinq ans lorsque la détection intervient à un stade précoce, seulement 26% à un stade avancé. Les autorités invitent donc les plus de 25 ans à se faire dépister, « même sans symptôme ». A 40 ans, Emilie Proust relaie avec enthousiasme le message de prévention. Et pour cause, la Poitevine a été touchée dans sa chair. En février 2021, elle pense pourtant se plier à un 
« simple examen de routine », à l’initiative d’une sage-femme qui la suit.

Rendez-vous providentiel

A l’époque, le Fief de Grimoire lui propose un rendez-vous de mammographie « en juillet ou août ». Emilie tique sur les délais et obtient un créneau le 
1er mars dans une clinique tourangelle. Le radiologue préconise une biopsie, laquelle révèle une tumeur de 7cm sur le sein droit et des cellules pré-cancéreuses à gauche. 
« Si j’avais attendu l’été, je ne serais plus là pour en parler », 
oupire-t-elle. Quelques semaines plus tard, Emilie subit une ablation des deux seins, à sa demande pour le gauche. 
« La gynéco m’a dit que c’était l’opération la plus simple sur un plan physique mais la plus compliquée psychologiquement. »
 Une opération qui intervient peu de temps après le décès de son père (67 ans), victime d’un cancer du péritoine.

« Je ne pouvais pas m’effondrer »

Près de trois ans après cette annus horribilis, la mère de deux jeunes enfants (7 et 
4 ans à l’époque) va « bien », 
elle a (presque) achevé sa reconstruction mammaire. 
« Je n’avais pas d’autre choix que de me battre, je ne pouvais pas m’effondrer pour mes enfants et pour mon père. Je voulais me venger ! » Reste que le processus n’a pas été simple. Des séances de radiothérapie à la reconstruction avec la méthode du lipofeeling, Emilie en est à sa quatrième opération. La cinquième sous anesthésie locale est programmée le 
11 mars. Cette parenthèse du cancer, Emilie l’a refermée symboliquement fin août 2023 au moment de fêter ses 
40 ans. La fin d’une « grosse période de m... et le début d’une nouvelle vie ». Reste la colère, froide, de l’inégalité devant le dépistage. « Je sais qu’une mammographie coûte cher, mais ça peut sauver des vies ! L’autopalpation, c’est bien mais ce n’est pas une garantie absolue. 50 ans, c’est trop tard. » 
Et aussi les différences de 
« traitement » dans la prise en charge des opérations avec dépassement d’honoraires. « J’en suis à 4 000 à 5 000€ de ma poche avec une aide bienvenue de la Ligue contre le cancer... Tout le monde ne peut pas se le permettre. »

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