Le Salon de l’agriculture fait son retour du
24 février au 3 mars dans un contexte de forte crise. La Vienne y sera notamment représentée par Philippe Berger. L’éleveur de brebis compte faire entendre sa voix.
Son patronyme semblait le prédestiner à sa profession. Philippe Berger élève 650 brebis à Nieuil-l’Espoir, où il s’est installé en 1984. Habitué du Salon de l’agriculture depuis 2016, l'exploitant agricole a été récompensé à maintes reprises, notamment l’an dernier lorsque ses moutons de la race Île-de-France se sont vu décerner les 2e et 3e prix dans les catégories mâle tondu de
14 à 20 mois et mâle tondu de plus de 20 mois. « J’ai hésité avant de participer pour la première fois car cela demande de l’organisation. C’est un copain qui m’a poussé après avoir vu mes animaux et je me suis pris au jeu », confie l’éleveur ovin. Fier de son travail et de ses animaux, Philippe Berger déplore cependant la difficulté du métier et une certaine incompréhension du gouvernement. « Notre profession ne s’exprime pas beaucoup et se plaint peu. Seulement, aujourd’hui, les gens ne veulent plus faire d’élevage. Le gouvernement veut tout gérer de la même manière mais les problématiques d’un éleveur ne sont pas celles d’un céréalier par exemple. » En France, seuls 45% de la viande ovine proviennent d’élevages français. Les 55% restant sont importés, alors, la concurrence est rude. « Il faut se démarquer avec un gage de qualité. On ne peut pas choisir le prix de vente de nos produits donc il faut trouver une plus-value », explique l’éleveur. Son atout à lui, c’est le label rouge Le Diamandin, un agneau élevé sous la mère pendant un minimum de 60 jours
puis nourri avec de l’herbe et du fourrage. Ses participations au salon et la qualité de son élevage contribuent à « booster les ventes de reproducteurs et apporter de la visibilité ».
« Solliciter les
hommes politiques »
L’agriculteur sera aux côtés des autres éleveurs du stand du Groupement d'intérêt économique (GIE) ovin du Centre-Ouest basé à Montmorillon et spécialisé dans l’agneau du Poitou-Charentes et le Diamandin. Son président Patrick Soury se réjouit : « Nous sommes présents depuis plus de dix ans dans le hall 1 dédié à l’élevage. »
Dans ce contexte de colère des agriculteurs, le GIE ovin « résiste bien mais n’échappe pas au marasme de la filière agricole ».
Le nombre de consommateurs a diminué car « l’agneau reste une viande chère », mais la démarche qualité apporte une plus-value qui stabilise la situation de l’organisme. Son activité phare au Salon de l’agriculture est sans aucun doute la vente aux enchères avec, cette année, cinq lots de trois agneaux. Le but étant de mettre en valeur les animaux et le travail des éleveurs, rémunérés au même niveau à l’issue de cette vente. Avec son stand, le GIE ovin du Centre-Ouest espère « mettre en lumière ses différents éleveurs pour pointer les difficultés mais aussi les atouts. C’est l’occasion, près d’un mois après le début des mobilisations, de voir comment la situation a évolué et peut-être solliciter les hommes politiques sous une autre forme ».