Axelle Walker. 29 ans. Mosellane d’origine, à Poitiers depuis presque dix ans. Paléontologue au sein du laboratoire Palevoprim et volleyeuse de haut niveau. A remporté plusieurs fois le championnat de France universitaire et connu l’Elite féminine avec le CEP Poitiers-Saint-Benoît. Promène son indéfectible sourire entre sport et recherche.
Le deuxième étage du bâtiment B35 du campus de Poitiers lui est désormais familier, le laboratoire Palevoprim est devenu son domaine, les os et les squelettes qui occupent les vitrines et les paillasses sont le décor de ses journées de post-doctorante en paléontologie. Axelle Walker a soutenu sa thèse en décembre dernier sur le thème… « Vous voulez vraiment que je vous donne l’intitulé en entier ? » Sourire. Ledit intitulé n’en finit pas. Il s’étire sur une vingtaine de mots plus ou moins complexes d’où émerge « la denture des primates catarrhiniens » et où il est question, pour résumer grossièrement, du lien entre la forme de leurs dents et leur alimentation.
Si on lui avait dit enfant qu’elle deviendrait paléontologue, Axelle s’en serait sans doute étonnée. « Petite, j’ai eu des jeux où il fallait chercher des ossements dans le sable… Mais archéologue ou paléontologue, on ne s’imagine pas que c’est un vrai métier, s’amuse-t-elle du haut de ses 29 ans. Je ne voulais pas forcément faire comme mes parents, qui sont professeurs d’EPS. A l’époque, je voulais être médecin légiste. » Et puis la jeune Mosellane originaire de Creutzwald, à la frontière franco-allemande, vivait alors pour le volley, plongée qu’elle était depuis son plus jeune âge dans le club présidé par son père et où ses deux frères l’avaient précédée. « J’ai eu ma première licence à 6 ans. » A 13 ans, l’adolescente intégrait le pôle espoir de Nancy, à une centaine de kilomètres de chez elle. « On s’entraînait tous les soirs, quinze heures par semaine, c’était toute notre vie ! »
Une étudiante
pas comme les autres
Fini les tergiversations sportives. Natation 0 - Volley 1, sans limite de validité. « Je ne vois pas comment je pourrais ne pas jouer au volley », confie la jeune femme qui a toujours mené de front, et avec succès, études et sport de haut niveau. « Je n’ai pas été une étudiante comme les autres. » Pendant sa licence à Nancy, Axelle a découvert la Nationale 2
avec Hagondange. Et qui dit Nationale 2 dit déplacements, à Paris, Lille… « J’ai appris à réviser dans le mini-bus les week-ends de match. » En 2015, son master l’a portée vers Poitiers, initialement pour un court stage d’un mois au sein du laboratoire de paléontologie Palevoprim. Il s’est prolongé… en doctorat.
« La curiosité peut vite t’emmener ailleurs », justifie la chercheuse, sachant pouvoir compter sur un conjoint compréhensif. Adepte des « choix réfléchis mais pas programmés », Axelle s’est aussi saisie de la proposition de Guillaume Condamin, le coach du CEP Poitiers-Saint-Benoît, pour goûter à la Division Elite féminine, le deuxième niveau national.
« C’était assez fou de toucher à ce niveau et de m’entraîner à nouveau tous les jours, s’enthousiasme la réceptionneuse-attaquante, compétitrice par nature. J’avais 21 ans, j’étais semi-professionnelle et je recevais de l’argent pour quelque chose que je faisais par plaisir ! »
Au contact de joueuses plus aguerries, portée par « la force du groupe », Axelle a grandi sans perdre de sa simplicité. « J’ai vite été aspirée par la bulle d’équipe que le coach a créée autour de nous. C’était à la fois plaisant et déstabilisant. C’est sans doute pour ça qu’être uniquement professionnelle n’a jamais été une option... Et puis je n’étais pas la meilleure joueuse du monde ! », lâche-t-elle avec malice.
Membre de l’Awap
Quand son équipe a été rétrogradée en Nationale 2 -un dommage collatéral de la situation financière du club-, Axelle est restée, fidèle au CEP Poitiers-Saint-Benoît où, depuis quelques mois, elle met son expérience de joueuse de haut niveau au service de l’équipe masculine. « Je râle beaucoup sur la touche, convient la multi-championne de France en équipe universitaire. J’ai parfois envie d’enfiler le maillot et d’entrer sur le terrain. » Son équilibre est là, entre ses « deux mondes opposés », le volley et la recherche. Que ce soit pour un match ou des fouilles -en février dernier au Tchad, en juillet prochain en Ethiopie-, ils lui offrent des rencontres et des voyages, comme depuis 2021 l’Awap
(Association for early-career women archaeologists ans paleontogists). « C’est une association de jeunes chercheuses dont le but est de développer la parité en sciences et d’encourager les vocations scientifiques chez les filles », explique Axelle. Féministe ? « Il y a plein de façons de l’être… »