Dans Salem, le réalisateur du très apprécié Shéhérazade peine à égaler son chef-d'oeuvre. Entre des genres croisés mais mal maîtrisés et une temporalité difficile à suivre, le film aux allures d'un Roméo et Juliette des quartiers peine à convaincre.
Djibril (Dalil Abdourahim) et Camilla (Maryssa Bakoum) sont amoureux. L’histoire pourrait être belle et s’arrêter là mais les deux adolescents vivent en réalité dans des quartiers rivaux de Marseille. Lui est un jeune Comorien des Sauterelles. Elle, une gitane des Grillons. Leur idylle est vouée à l’échec. Lorsque Camilla tombe enceinte à 14 ans, Djibril sait que garder cet enfant déclenchera une guerre des clans. Mais l’assassinat de l’un de ses amis de la cité ennemie crée une onde de choc. Les Grillons et les Sauterelles s’embrasent et le jeune homme sombre peu à peu dans la folie. Une certitude raisonne en lui : sa fille à naître sera la seule à pouvoir sauver le destin de ces deux quartiers maudits. Cinq ans après Shéhérazade, qui avait marqué la cérémonie des César en 2019, Jean-Bernard Marlin revient à Marseille pour Salem. Des acteurs débutants convaincants, une volonté de cinéma naturaliste et un thème centré sur la dure vie des quartiers. Les similitudes avec le puissant Shéhérazade s’arrêtent là. A la croisée des genres, ce Roméo et Juliette des temps modernes peine à convaincre. Le spectateur est désabusé face à ce qui s’apparente à la fois à une tragédie, un revenge movie, et même une science-fiction apocalyptique. Difficile également de suivre l’intrigue morcelée du fait de ses nombreux allers-retours entre le passé et le présent. La qualité du jeu des acteurs castés dans la rue est entachée par l’abus de clichés et de tics de langage. Jean-Bernard Marlin reste néanmoins fidèle à lui-même et parvient à transmettre son message. Comme dans Shéhérazade, les acteurs s’inspirent de leur vécu et apportent un côté spontané inégalable. Les versions adultes des personnages collent aussi parfaitement. Salem lève le voile sur la violence et les rivalités qui règnent au sein des quartiers difficiles et ne laisse pas le spectateur indemne. Une qualité qui fait d’autant plus regretter les nombreuses maladresses.
Drame de Jean-Bernard Marlin avec Dalil Abdourahim, Oumar Moindjie, Wallen Gharbaoui. (1h43)
DR Ad Vitam