Lovasoa Papuchon. 46 ans. Poitevine de coeur depuis l’âge de 13 ans. Collectionne les déménagements. Ex-salariée aujourd’hui entrepreneure épanouie. Optimiste et enjouée.
« 1,50m et des lunettes. » Cet autoportrait succinct glissé au détour de la conversation la fait sourire. Comme beaucoup d’autres choses car, quoi qu’il arrive, Lovasoa Papuchon veut
« sourire à la vie ». « Je crois que je suis une éternelle optimiste », confie la Ligugéenne, fruit de la rencontre à Grenoble, il y a un peu plus de 46 ans, entre deux étudiants malgaches. Sa cadette est née à Madagascar lors d’une tentative de retour au pays de ses parents mais « moi, je suis née dans les Alpes, ça n’a rien d’exotique !, s’amuse Lovasoa. Après j’ai beaucoup déménagé. Ma vie est faite de voyages. Je suis d’ici et d’ailleurs. » Lyon, le Mali, la Côte d’Ivoire, Orléans, le Nord, l’itinérance professionnelle de son père, ingénieur travaux publics, a permis à « Lova » -« un diminutif, pas un pseudo ! »- de cultiver une vraie force d’adaptation. « Je crois que je n’ai jamais fait deux ans de suite dans la même école, cela m’a poussée à aller vers les autres pour me faire des amis. »
A 13 ans, elle découvre Poitiers, son père ayant décroché un poste de formateur au CFA du BTP.
Etudes longues
« Pour l’anecdote, au Mali, nous habitions dans un village où il n’y avait pas d’école. C’était mon année de CE2 et je me souviens avoir suivi les cours par correspondance du Cned. Mon premier lien avec Poitiers… » Le collège Henri-IV, le lycée Camille-Guérin puis la fac de médecine, la jeune fille se sent « prédestinée pour des études longues, avec un profil bac S ». Son idée : devenir dentiste. La première année, elle arrive 115e sur environ 700. Honorable mais le numerus clausus est à 63. Deuxième essai :
elle est 63e mais seuls 62 sont reçus cette année-là. « C’est un échec du temps passé et des efforts fournis mais pas d’un rêve", commente Lova, convaincue que « l’échec fait partie de la vie » et, plus important encore, qu’
« il faut toujours rebondir ». Alors elle s’inscrit à l’Institut supérieur de la santé et des bioproduits d’Angers en management de la qualité et, trois ans plus tard, toujours pas rassasiée, elle poursuit à l’IAE de Poitiers par un Certificat d’aptitudes à l’administration des entreprises. Et après ? « Il était déjà
23 ans, c’était l’heure de
bosser », s’amuse-t-elle.
« Treize déménagements en quatorze ans à nous deux »
Après un an et demi de recherches -un peu long à son goût-, l’ex-vacataire au Futuroscope entre 1998 et 2001 dégote son premier emploi : gestionnaire de centre de profits dans une grande entreprise de la restauration collective française, au Mans, à Limoges, Toulouse -entre les deux, elle se marie-, Nantes, Niort, Civray et Poitiers. Plus précisément Ligugé, où son mari et elle ont fait construire. « Mais on n’est qu’à treize minutes de Poitiers ! », précise la citadine. Elle a fait le compte :
« A nous deux, on a fait treize déménagements en quatorze ans. Et le dernier du n°1 au n°4 ! »
Leur pavillon a poussé à deux rues de l’ancienne maison de ses parents, tout un symbole. La maman de Maloa et Tantely, 14 et 16 ans, est attachée à sa famille autant qu’à ses racines. Elle les arbore fièrement et les partage avec plaisir. « Il y a une grande communauté malgache à Poitiers, on se reconnaît. »
Reconversion
Et puis… Et puis le couperet tombe. « Il y a huit ans, ma boîte perd un appel d’offres, je perds mon poste. Ce sont quatorze ans de ma vie ! Mon premier emploi ! Je ne sais pas quoi faire d’autre… » Lova est adepte depuis quelque temps des produits de nettoyage à l’eau d’H20 at Home. Rien à voir a priori, si ce n’est qu’on lui a déjà proposé de faire de la vente à domicile. A l’époque, elle avait décliné la proposition. Mais sa situation professionnelle a changé et l’idée de « conscientiser les foyers à consommer moins ou mieux » la séduit. Elle se lance, à temps plein. « Quand on est convaincue, on est convaincante. Et puis j’aime aller à la rencontre des gens, les mettre en confiance, provoquer les opportunités », confie-t-elle, ravie de ce changement de carrière qui, au-delà de la vente en réunion, lui a ouvert les portes d’établissements scolaires. Elle y raconte son expérience de reconvertie épanouie, ses responsabilités à Entreprendre au féminin, au Medef... Mais aussi son réseau personnel, professionnel, essentiel. « Je connais beaucoup de gens, au point que mes enfants ne veulent plus aller faire les courses avec moi ! », plaisante
celle qui place au-dessus
de tout son « projet de mère ».
Côté loisirs, « j’ai eu la couture (d’ailleurs j’ai toujours une salle de couture à l’étage) »,
jamais le sport -elle marque un mouvement de recul-, sauf pour encourager ses enfants sur les bords d’un terrain de basket ou d’une piste d’athlétisme. Déterminée, la quadragénaire ne se ferme aucune porte. « Il ne faut jamais dire jamais et se donner les moyens. Il y a des années, c’est en travaillant au Futuroscope que je me suis payé ma petite 106 ! Il faut se faire confiance et avancer. »