Cécile Hilairet : « On ne peut pas sauver le monde »

Malades, personnes isolées, aidants, accidentés de la vie... Cette saison, Le 7 ouvre ses colonnes aux bénéficiaires des Ateliers Cord’âges, un lieu poitevin à nul autre pareil. Suite et fin de notre série avec Cécile Hilairet, d’abord bénéficiaire et bientôt bénévole de l’association.

Arnault Varanne

Le7.info

Cord’âges
« Mon mari est tombé malade en 2018, atteint par une maladie neurologique qui touchait le lobe frontal. En clair, une démence. Au départ, je l’ai inscrit à l’accueil de jour, à Marguerite. Mais ça ne correspondait pas du tout à son besoin, il avait moins de 60 ans. Lors d’une réunion à France Alzheimer, une dame m’a parlé de Cord’âges. Un jour, je l’ai même accompagnée récupérer son mari. C’est comme ça que j’’ai découvert la structure. Mon mari a pu venir tout seul en prenant le bus, puis on l’a emmené, jusqu’à ce que son état se dégrade. Ça a duré jusqu’en 2022-2023. Il avait trouvé une famille, faisait de la marche... Lui était occupé, et moi j’avais du temps ! Je suis aide-soignante au Siad de Poitiers. C’est un métier où il faut avoir la foi. On travaille avec la mort, la vieillesse, la maladie. »

« Ça a été dur jusqu’au bout »

La situation d’aidante
« Mon mari (Gilles) est mort en décembre 2024. Nous étions mariés depuis quarante et un ans. Ça a été dur jusqu’au bout, même si je suis du métier et que j’ai vite su vers qui me tourner pour les aides. A la maison, on a aménagé un logement pour lui. Cinq personnes passaient tous les jours pour la toilette, le petit déjeuner, le repas du midi, du soir et le coucher, sans compter l’animatrice. Ma fille assistante sociale et mon fils comptable m’ont soutenue. »

Le club des aidants

« Je ne suis pas venue tout de suite au club des aidants de Cord’âges. Je pense que je n’étais pas prête. J’ai apprécié de rencontrer des gens qui vivaient les mêmes situations. On se comprend. Cela permet de se changer les idées. A côté de ça, je fais aussi partie de la maison des aidants de Buxerolles, où je fais de la sophrologie, du qi gong, des ateliers d’herboristerie... Mais ce n’est pas du tout la même ambiance qu’à Cord’âges. »

« Je ne suis 
pas sociable pourtant ! »

De bénéficiaire à bénévole
« Je serai à la retraite le 
1er juillet prochain. Dans mes projets, je voudrais être bénévole ici, donner un coup de main quand Véronique (David, directrice) et les salariées de Cord’âges auront besoin d’aide. Les gens sont uniques, c’est incroyable. Je ferai ce qu’on me demande. J’irai le mercredi matin à la marche pour pousser un fauteuil, donner le bras à quelqu’un... Je peux faire du ménage, ça ne me dérange pas ! 
Après, mon deuxième projet est d’organiser un après-midi papotage avec les gens de ma rue qui sont seuls, à Saint-Eloi. On a tous besoin les uns des autres. Grâce à la fête des voisins, c’est déjà le cas mais on peut aller plus loin. On ne peut pas sauver le monde, mais si je peux contribuer un peu. Je ne suis pas sociable pourtant ! »

Et la famille ?
« Chez nous, on esvt chrétien, il y avait souvent une assiette en plus pour les pauvres. Mes parents m’ont transmis ça, le goût d’aider les autres. Mes enfants ? 
Ma fille a deux garçons de 
13 et 10 ans, mon fils un petit garçon de 2 ans. C’est mon bébé. Les grands, maintenant, ils veulent être avec les copains. Ils n’en ont rien à faire de la grand-mère ! Malgré tout, c’est bien de les voir grandir. J’ai la chance d’avoir encore mes parents. Le jour où ils partiront, ça me fera bizarre. »

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