Don d’organes et idées reçues

Et une, et deux, et trois villes ambassadrices du don d’organes. Après Chauvigny, Poitiers et Iteuil emboîtent le pas de la promotion. Près d’un millier de personnes meurent chaque année en France faute de greffe.

Arnault Varanne

Le7.info

Le saviez-vous ? Tout citoyen majeur, s’il ne s’y est pas opposé de son vivant et s’il n’est pas inscrit sur le Registre national des refus géré par l’Agence de la Biomédecine, est considéré par la loi comme donneur potentiel à sa mort. Sauf que « le taux d’opposition progresse malheureusement dans notre pays, il était de 36% l’année dernière, déplore le Pr Antoine Thierry. Ce n’est pas parce que 36% des gens sont contre, mais parce que souvent, ils ne connaissent pas bien la loi. C’est encore flou. » Le néphrologue du CHU de Poitiers parle d’expérience, lui qui préside la Société francophone de transplantation.

Ce que ne sait pas non plus le grand public, c’est qu’il ne faut pas forcément être « dans un état de mort encéphalique » pour faire don d’un rein ou de son foie. Les chiffres sont têtus. Les maladies rénales chroniques touchent trois millions de personnes dans l’Hexagone. Et 50% d’entre elles sont dues au diabète et à l’hypertension artérielle, qui vont augmenter dans les années à venir. Traduction : « Le meilleur traitement, lorsque c’est possible, est la transplantation, qui assure de meilleures qualité et espérance de vie. Elle coûte aussi trois à quatre fois moins chère que la dialyse », reprend le Dr Thierry. Hélas, près d’un millier de personnes meurent chaque année faute de greffe (6 034 réalisées en 2024, 29 000 receveurs en attente). Intenable. D’où la nécessité d’accélérer sur les campagnes de communication auprès du grand public.

Poitiers et Iteuil après Chauvigny

La semaine dernière, Poitiers -puis Iteuil- est entrée dans le cercle encore trop fermé des « Villes ambassadrices du don d’organes ». En pratique, quatre panneaux agrémentés d’un ruban vert vont être installés aux entrées de Poitiers. « Se poser la question en voyant ce panneau, c’est l’opportunité de déclencher une discussion et peut-être de sauver des vies », croit savoir le président de la Société francophone de transplantation. Le collectif Greffe + pousse en ce sens, Camile Munier aussi. La maman de Nathan a incité Chauvigny a devenir ville ambassadrice, après que son fils a bénéficié d’une greffe de foie, en 2020.

Chauvigny, Poitiers, Iteuil... Qui sera la prochaine sur la liste ? La présidente de France 
Adot 86 et représentante du collectif Elisabeth Delannoy ouvre la porte. Avec cette conviction chevillée au corps : porter le débat sur la place publique. 
« Si 80% des Français sont pour le don d’organes, moins de la moitié d’entre eux en ont parlé avec leurs proches. Il faut rapprocher le sujet du quotidien de chacun. »

Infos sur greffesplus.fr 
et france-adot.org.

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