Comment présente-t-on de grandes expositions… dans un cinéma ?
« D’abord, je photographie ! Je fais des photos de l’exposition directement dans le musée, afin de recréer l’impression du regard du spectateur qui est sur place. Il faut veiller à toujours garder une partie du cadre pour ne pas isoler l’œuvre de son environnement et faire passer par la photo la matière de la peinture. Puis, dans les conférences, j’apporte les photos d’autres tableaux, de l’atelier de l’artiste, de son environnement… Et éventuellement des œuvres d’autres artistes pour présenter une vision plus générale. Il est aussi important de redonner le cadre historique. Par exemple, l’œuvre de Georges de la Tour s’inscrit sur fond de Guerre de Trente ans et de la façon dont la religion était perçue au XVIIe siècle. De la Tour a inventé un type de peinture religieuse différente des autres artistes français et italiens de son époque. »
Plus qu’une visite guidée, vous proposez donc une visite augmentée…
« Les conservateurs ne parviennent pas toujours à rassembler toutes les œuvres qu’ils veulent. Dans les conférences, je peux construire une histoire plus étendue que ce que présente l’exposition. J’apporte ma propre analyse, qui n’est pas celle d’un commissaire et, bien qu’ayant une formation de professeur, je ne fais pas une présentation académique. Le fait d’avoir les deux casquettes, d’historien de l’art et de galeriste(*), apporte une expérience beaucoup plus riche. Je travaille avec des artistes morts et avec des artistes vivants (sourire) et, en fréquentant les derniers, on arrive à comprendre comme ils réfléchissent et comment ils agissent. »
Comment allez-vous aborder l’exposition sur David Hockney (visible jusqu’au 31 août à la fondation Louis-Vuitton) qui va ouvrir le cycle ?
« L’exposition David Hockney 25 montre plus de quatre cents peintures ainsi que des vidéos. J’ai choisi deux aspects de l’œuvre de ce peintre, qui est par ailleurs toujours vivant (ndlr, né en 1937) : le fait qu’il est homosexuel et la manière dont ses tableaux traitent du sujet de sa propre homosexualité. Et sa position d’artiste figuratif qui a commencé à peindre à une époque qui prisait l’art abstrait. Hockney a donc dû inventer pour le public une forme de figuratif qui soit acceptable et il a pour cela utilisé des stratégies très précises. L’idée est de mettre en avant comment sa peinture répond à d’autres artistes des années 1960-1970, ou comment elle se rebelle contre. »
(*)Christophe Boïcos vit entre Senillé-Saint-Sauveur, Paris et Paxos (Grèce), deux villes où il possède des galeries.
Conférence David Hockney 25, vendredi à 20h, au Loft, à Châtellerault (tarif : 10€).
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