Avignon côté comédie

Dans Avignon, son premier long-métrage, l’acteur et réalisateur Johann Dionnet utilise le décor de la Cité des papes et son illustre festival pour proposer une comédie légère et ensoleillée, dans les coulisses du Théâtre avec un grand T.

Programmer la sortie d’Avignon une quinzaine de jours avant l’ouverture de la 79^e édition du festival, voilà qui est astucieux tant le premier long-métrage de Johann Dionnet sonne comme une ode touristique à la Cité des papes et à l’effervescence qui l’envahit chaque été en juillet. Pendant plus d’une heure et demie, de jour comme de nuit, la caméra se promène dans la pénombre des salles de spectacle et dans les rues baignées de soleil de la jolie Provençale. Quant à l’intrigue ? Un indice : en format court-métrage, Johann Dionnet avait baptisé sa comédie Je joue Rodrigue, en référence au Cid, de Corneille. Dans Avignon, Stéphane (Baptiste Lecaplain) est un acteur de comédie de boulevard tombé sous le charme de Fanny (Elisa Erka). Or sa belle, qui joue dans Ruy Blas, de Victor Hugo -pour rappel l’histoire d’un laquais amoureux d’une reine…-, n’a d’oreilles que pour les classiques. A la suite d’un quiproquo, elle croit qu’il interprète Rodrigue, lui n’a pas le cœur à démentir. Voilà donc l’amoureux transi empêtré dans ses mensonges. Et il n’est pas le seul !

La transposition, d’un court-métrage en long-métrage, d’un classique en comédie contemporaine, était périlleuse. Johann Dionnet, Patrick à l’écran, relève le défi sans esbrouffe à travers des personnages attachants (l’humoriste Alison Wheeler alias Coralie), ou pédants à souhait (Amaury de Crayencour alias David), des dialogues légers, des scènes cocasses ou émouvantes, souvent les deux à la fois. Il donne au spectateur un pass pour découvrir les coulisses du festival, les enjeux derrière les sourires, les querelles internes du monde du théâtre, l’énergie dépensée dans l’affichage et le tractage… Il en résulte une comédie pleine de soleil, de théâtre, d’amitié. Et d’amour évidemment !

Comédie de Johann Dionnet, avec Baptiste Lecaplain, Alison Wheller, Lyes Salem, Elisa Erka (1h43).