Grâce à des applications comme Merlin Bird ou Birdnet, des milliers de curieux se transforment désormais en ornithologues amateurs le temps d’une balade. Que valent vraiment ces outils ?
Mésange charbonnière, merle noir ou moineau domestique ? Depuis quelques jours, un petit être à plumes chante sous votre fenêtre… mais impossible de le reconnaître. Une énigme ordinaire que les applis gratuites Merlin Bird et autre Birdnet peuvent vous aider à résoudre.
« Quand je voyage et que j’ai un peu de temps dans la nature, j’utilise l’appli qui scanne le chant et identifie les oiseaux. C’est intéressant d’apprendre quelles espèces m’entourent. » Comme Lou-Maël, des centaines de milliers de particuliers se muent désormais en ornithologues le temps d’une balade. Un nombre en constante évolution, selon les observateurs locaux. « Depuis cette année, je constate une hausse des utilisations, observe Lydia Bourdeau, présidente du Centre de soins de la faune sauvage poitevine. Quand un oiseau tombe du nid, est blessé ou affaibli, les particuliers m’envoient une photo accompagnée d’informations issues de l’application. » Selon elle, une cinquantaine d’utilisateurs auraient eu recours à la technologie pour identifier un animal amoché, un gain de temps précieux lorsque l’intéressé a bien été identifié.
Une porte d’entrée
Comme toute nouvelle technologie, elle n’est pas sans faille.
« C’est une bonne porte d’entrée pour s’intéresser aux oiseaux, mais ces applis sont loin d’être infaillibles », nuance Simon Chapenoire, chargé de mission ornithologie à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). L’étourneau, par exemple, avec son plumage sombre aux reflets violets, est passé maître dans l’art de l’imitation, un véritable cauchemar pour Merlin Bird, incapable de déjouer ses tromperies. L’application n’en reste pas moins un outil de choix pour redonner de l’intérêt à la faune et rassurer certains riverains.
« En ce moment, des chouettes effraies tombent parfois dans les cheminées et produisent un bruit étrange, comme un sifflement de gaz, raconte Lydia Bourdeau. Dès lors que les habitants apprennent que c’est une chouette et non une « bête », ils dédramatisent immédiatement. »
Ces outils s’appuient sur des bases de données enrichies en permanence. Photos ou enregistrements sonores, l’appli compare les éléments recueillis avec des chants ou images similaires pour proposer une identification. « Je n’y croyais pas, mais des particuliers m’ont signalé un gobemouche à miroir, une espèce rare. Et ils avaient raison ! », se souvient Lydia, encore surprise. De la simple curiosité à la sensibilisation environnementale, il n’y a qu’un pas. « Identifier une espèce, c’est déjà lui accorder plus d’importance. Ce n’est plus juste un piaf, mais un animal à part entière », conclut le technicien de la LPO.