Le fléau des cyanobactéries

A Saint-Cyr, Bonneuil-
Matours ou encore Queaux, les cyanobactéries ruinent régulièrement tout espoir de baignade et soulèvent de sérieuses problématiques sur l’avenir des plans d’eau et rivières.

Charlotte Cresson

Le7.info

Depuis plusieurs semaines, les rives de plusieurs plans d’eau, comme à Bonneuil-Matours, Queaux ou encore Saint-Cyr -depuis trois ans-, affichent des panneaux de mise en garde : 
« Risque de cyanobactéries ». Un mot barbare et encore peu familier du grand public qui désigne pourtant des micro-organismes présents dans notre quotidien depuis bien longtemps. « Les cyanobactéries colonisent tous les milieux, eaux de mer, eaux douces et même quelques endroits humides depuis 
4 milliards d’années. Ce qui n’est pas normal et dangereux, c’est d’en trouver en excès », précise Philippe Combrouze, ingénieur en hydrobiologie et créateur du laboratoire Aquagestion. Ces micro-organismes se nourrissent de phosphore et d’azote et prolifèrent lorsque ces nutriments se trouvent en quantités importantes. « Ces nutriments viennent de nos eaux usées pas assez épurées et d’une certaine forme d’agriculture mais aussi de certains engrais pour les golfs par exemple. »


Le rôle du réchauffement climatique

Pour Philippe Combrouze, si le réchauffement climatique n’est pas la principale cause de la prolifération des cyanobactéries, il occupe une place non négligeable. « Réchauffement climatique ou pas, sans nutriments en excès il n’y en aurait pas. Mais il est certain que c’est un facteur aggravant. Nous avons des périodes de sécheresse de plus en plus longues qui se concluent par des phénomènes orageux créant un apport massif de ces fameux nutriments. » 
Les dangers de cette toxicité ? 
Des conséquences pour les animaux domestiques, la faune sauvage et les humains pouvant aller jusqu’à la mort. D'où les prélèvements réguliers de l'Agence régionale de santé. 
« Chaque semaine en France, des chiens meurent en raison des neurotoxines. En Bourgogne, quatre employés d’une entreprise ont dû se rendre aux urgences pour des brûlures et des irritations après avoir nettoyé un plan d’eau contaminé. Mais en ce qui concerne la faune sauvage, la mortalité est extrêmement discrète et les causes passent souvent inaperçues. » Une exposition de longue durée peut créer des problèmes sur le long terme. Pour l’ingénieur, si ne pas pouvoir se baigner est contraignant, il y a plus préoccupant. « Les eaux récréatives c’est une chose mais les atteintes à la biodiversité sont plus graves, sans oublier l’impact sur les ressources en eau potable. » Quelques solutions existent pour traiter l’eau contre les cyanobactéries. Et la lutte contre leur prolifération est intimement liée à celle contre le réchauffement climatique. En attendant, la recommandation reste claire : respecter les interdictions temporaires, surveiller les animaux de compagnie et éviter tout contact avec les eaux suspectes. Car si les cyanobactéries sont invisibles la plupart du temps, leurs effets, eux, sont bien réels. 


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