Laetitia Chardavoine : « Je ne serais pas venue 
pour un autre établissement »

Originaire des Deux-Sèvres, Laetitia Chardavoine vient de prendre ses fonctions de proviseure au Lycée pilote innovant et international (LP2i), à Jaunay-Marigny, au côté de son adjoint Cyril Naudin.

Arnault Varanne

Le7.info

Pour quelles raisons avez-vous souhaité prendre la direction du LP2i ? 

« Je ne serais pas venue dans la Vienne pour un autre établissement que le LP2i. Etre chef d’établissement demande beaucoup de temps et d’énergie. Le lycée reste atypique de par sa taille, avec des notions d’innovation et d’inclusion auxquelles je suis très attachée. » 


Vous avez changé vos modalités de recrutement il y a deux ans pour instaurer davantage de mixité. Quel premier bilan en tirez-vous ?
Cyril Naudin, proviseur adjoint : « Cela a permis de faire évoluer la proportion de boursiers. Nous sommes quasiment à la moyenne académique avec 15%, même si nous ne sommes pas encore au niveau de ce qui se passe dans d’autres établissements. Malgré tout, l’évolution est positive. Nous ferons un bilan de cette expérimentation l’année prochaine, avec le souhait que le LP2i continue à être innovant et pilote. »


Combien d’élèves accueillez-vous cette année ?
« Nous sommes sur 555 lycéens et étudiants, dont 92% de la Vienne, 5% des autres départements de l’ex-Poitou-Charentes et 3% de l’extérieur. Un point sur lequel nous nous différencions, c’est dans l’accueil des élèves à besoins particuliers, qui représentent environ 25%. »


Qu’entendez-vous 
par besoins particuliers ?
« Ce sont des lycéens qui souffrent d’un handicap, de troubles de l’apprentissage nécessitant une reconnaissance et une formalisation d’un projet particulier, en lien avec les familles. Cette spécificité du LP2i demande un savoir-faire des enseignants. Au-delà, depuis la Covid, il y a de plus en plus d’élèves qui ont des troubles anxieux forts, avec des aménagements d’emploi du temps particuliers. L’objectif étant de sécuriser l’obtention du bac, même si les élèves ne sont pas présents 100% du temps dans l’établissement. A partir de la rentrée, chaque établissement va d’ailleurs devoir formaliser un protocole de prise en charge de la santé mentale. »


Comment l’intelligence artificielle est-elle 
prise en compte au lycée ?
Cyril Naudin :
« L’IA peut être un coach formidable si elle ne fait pas à la place de l’élève mais l’accompagne dans ses apprentissages. L’année dernière, nous avons eu un projet autour de la littérature dans le cadre de la préparation au bac de français. Les enseignants avaient utilisé l’IA pour permettre aux élèves d’identifier les limites et les apports. »


« Tout l’enjeu est de faire comprendre qu’il faut percevoir l’IA comme une intelligence augmentée, pour développer sa propre intelligence. »

Quid de la dimension internationale du LP2i ?
Cyril Naudin :
« Le LP2i accueille jusqu’à une vingtaine d’élèves allophones qui ne parlent pas ou peu français à leur arrivée. L’objectif est de les accompagner jusqu’à l’obtention du bac, sans aménagement, en dehors d’un dictionnaire pendant les épreuves. Au-delà de l’UP2A (Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants), nous avons une accréditation Erasmus avec des partenariats en Europe mais aussi en Inde. Cette semaine, le lycée reçoit par exemple six enseignants allemands qui viennent en observation pour préparer la venue de six élèves. Six lycéens du LP2i iront plus tard là-bas... »

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