
Aujourd'hui
Pont-Saint-Esprit et Valdivienne ont un lien historique. En 1951, des habitants de la commune du Gard se sont intoxiqués en mangeant ce qu’on a appelé « du pain maudit ». « Ça les a rendus complètement fous et un meunier de Valdivienne, qui avait fourni la farine, a été inculpé... » Raphaël Serreau est incollable sur « le rôle de l’Etat dans la filière du pain depuis les années 40 ». Et pour cause, l’ancien étudiant de Sciences Po Bordeaux y a consacré un mémoire pendant ses études. Mais parce que rien ne remplace le terrain, le Beaumontois de 23 ans a choisi cet été d’enfourcher son vélo direction le Sud.
Du 27 juillet au 14 août, de Beaumont-Saint-Cyr à Pont-Saint-Esprit, le futur pensionnaire de l’Institut régional d’administration de Bastia a tracé ses « routes du pain » : près d’un millier de kilomètres à pédaler et quelque quarante boulangers -en majorité- et meuniers avec lesquels il a échangé sur leur quotidien et leur vision de l’avenir. « Le pain, c’est un objet universel, qu’on peut cerner par le prisme de la politique. J’avais envie de partir à la rencontre de ceux qui le font dans leur grande diversité, connaître leurs préoccupations. Il y a aujourd’hui une désaffection des jeunes. » Le fils d’employé de coopérative agricole et de salariée d’une maison familiale rurale a compilé des dizaines d’anecdotes et de situations, qui devraient nourrir l’écriture d’un futur livre. « Une façon de faire un éloge d’un produit du quotidien ! »
En attendant, le fruit de ses pérégrinations est compilé sur un carnet de voyages (polarstep.com) et le compte Instagram La route des pains. Raphaël Serreau en est convaincu, le pain dit quelque chose de la société, notamment de l’opposition « entre la tradition revendiquée par certains et la modernité par d’autres, entre autres les nouveaux boulangers reconvertis ». Au-delà de l’écriture, l’aventurier s’est promis de passer un jour le CAP de boulanger, lui qui se destine à la haute fonction publique, voire à la politique. « Pour garder le contact avec la réalité », assure-t-il. Ses interlocuteurs charentais, girondins, lot-et-garonnais ou gardois se chargeront de toutes façons de lui rappeler la leur.
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