Passagers clandestins

En vigie nécessaire de la nature, Olivier Pouvreau vous parle cette semaine des espèces dites invasives... et de nous.

Le7.info

Le7.info

Lors d’un tour de jardin, je tombai coup sur coup sur un frelon asiatique, un brun des pélargoniums, une abeille résinière géante, une pyrale du buis et un moustique tigre me piqua pour la énième fois. D’emblée, je fis un constat caricatural : « on ne voit plus que ça ». « Ça », ce sont les espèces dites « invasives » ou « exotiques », arrivées en France principalement d’Asie, d’Amérique ou d’Afrique. Par elles, ce qui m’était donné à voir, c’était au fond les signes d’un emballement, le nombre de ces espèces ayant progressé de 76% ces trente-cinq dernières années. Dans les rapports du ministère de la Transition écologique, on corrobore cette accélération avec celle des échanges internationaux (tourisme et commerce) et on planifie des « plans de lutte » pour la contenir. Sans surprise, à aucun moment ces plans ne recommandent de limiter les flux de personnes et de marchandises. Pourtant, nous pouvons nous considérer comme la première espèce invasive ayant foulé presque toute la surface du globe, l’ayant en grande partie détruit ou pollué et qui, par hédonisme « exotique », n’hésite pas à prendre l’avion le week-end pour partir à l’étranger en low-cost. De la sorte, les « plans d’action » ministériels devraient avant tout sensibiliser les citoyens à la question d’une « sobriété des flux ». Bien entendu, d’aucuns crieront à « l’écologie punitive » mais ne serait-ce pas comme considérer le code de la route sous le seul prisme des panneaux de limitation de vitesse ?

À lire aussi ...