Regarde, tout en tendresse

Avec Regarde, Emmanuel Poulain-Arnaud signe une comédie dramatique douce-amère en évitant habilement le pathos mais en restant parfois un peu trop en surface.

Que feriez-vous si vous deviez devenir totalement aveugle dans quelques mois ? C’est la question qu’a dû se poser Milo (bluffant Ewan Bourdelles) du jour au lendemain. La vie paisible de l’adolescent parisien de 16 ans bascule alors qu’il est en route pour rejoindre des copains à Hossegor, dans les Landes. Dans le métro qui les emmène à la gare, Chris, sa mère (Audrey Fleurot), découvre des hématomes sur le corps du jeune homme et pense instinctivement à du harcèlement avant de comprendre que la vision de son fils est réduite et semblable à « un tunnel ». Grâce à la magie du scénario, Milo et sa mère se rendent en quatrième vitesse chez un ami ophtalmo qui les reçoit entre deux rendez-vous. Le diagnostic tombe : rétinite pigmentaire. L’ado va perdre progressivement la vue et c’est pour très bientôt. Bouleversés par cette nouvelle, Chris et Antoine (Dany Boon), son ex-mari, décident de mettre leurs différends de côté pour permettre à leur fils de passer des vacances inoubliables et de graver ces images à tout jamais dans sa mémoire.

Si la lecture du résumé n’est pas forcément très engageante, ceux qui craignaient un mélo peuvent être rassurés. Le gros point fort de Regarde repose sur le fait que la caméra ne dramatise pas outre mesure. Le film ne cherche pas à nous faire pleurer même s’il est possible que cela puisse arriver de temps en temps. Le ton est léger malgré la dureté du sujet et l’introduction de certains personnages -que l’on pourrait penser inutiles- apporte des moments d’humour indispensables. Les images sont belles et jouent le rôle essentiel de parenthèses que Milo et les spectateurs voudront graver dans leur mémoire. Dany Boon et Audrey Fleurot incarnent avec brio des parents divorcés avec leurs imperfections.

Seul bémol, difficile de s’identifier à des personnages qui décident de partir en vacances sur un coup de tête sans se soucier de l’impact que cela pourrait avoir sur leurs emplois respectifs ou leurs finances. Mais après tout, pourquoi pas. Le cinéma est là pour nous faire rêver… quitte à rester en surface. Si la maladie et la peur qu’elle représente sont évoquées à plusieurs reprises, Emmanuel Poulain-Arnaud semble en effet adoucir maladroitement les difficultés et véritables bouleversements que peuvent vivre certains malades et leur famille. 

Comédie dramatique d'Emmanuel Poulain-Arnaud avec Audrey Fleurot, Dany Boon, Ewan Bourdelles

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