Les boîtes de nuit 
cherchent la lumière

Délaissées au profit des bars d’ambiance et guinguettes, les discothèques souffrent d’une image désuète et d’une législation défavorable. Mais les gérants veulent y croire.

Charlotte Cresson

Le7.info

Les jeunes font-ils moins la fête que leurs aînés ? La question se pose. Sept discothèques françaises sur dix ont fermé leurs portes en quarante ans et la Vienne n’échappe pas à ce déclin. « Le constat est le même. Les établissements sont souvent fermés puis repris avant de fermer à nouveau », déplore Jérôme Lacroix, représentant des dirigeants de discothèques à l'Umih 86 (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie). Un phénomène qui s’est aggravé depuis la pandémie de Covid-19. « Nous avons été contraints de fermer pendant dix-neuf mois. Tous les autres ont eu le droit de reprendre leur activité tandis que nous avons été les derniers à rouvrir. »


De nouvelles habitudes

La crise sanitaire a indéniablement transformé la société. 
« Dix-neuf mois de fermeture ça entraîne des changements d’habitudes de consommation. » Adolescents pendant le confinement, les jeunes adultes d’aujourd’hui sont nombreux à vouloir fuir une promiscuité qui leur a longtemps été défendue. « Je n’aime pas quand il y a trop de monde. Quand on dit viens on va dans une salle où on sera tous serrés, j’avoue que ça ne me tente pas trop », confie Lysandre, 19 ans. Mais les jeunes ne font pas une croix sur la fête pour autant. En témoigne la file d’attente de plusieurs mètres pour accéder au Wallaby’s de Poitiers jeudi dernier. L’endroit n’est pas une discothèque mais un bar d’ambiance, et c’est là toute la différence. L’écart creusé dès la pandémie n’a fait que s’accroître. « Pendant que nous étions fermés, les gens continuaient à sortir dans les bars d’ambiance ou organisaient des fêtes privées chez eux », se rappelle Jérôme Lacroix. Phénomène étonnant, les guinguettes, autrefois désuètes, séduisent de plus en plus.


Une image à changer

« Le GS, la Grand’Goule, le Wallaby’s… » Difficile pour Emmy, 20 ans, de distinguer bar d’ambiance et discothèque. « Les gens vont au Wallaby’s parce qu’il y a une grande piste de danse. C’est donc très similaire à une boîte de nuit classique », 
admet Adrien Laurendeau, gérant du bar ambiance châtelleraudais Le QG. Les similitudes s’arrêtent là. A commencer par la différence de prix. « Le paiement dès l’entrée est une barrière, de même que celui du vestiaire. Les gens n’ont plus envie qu’on leur impose quoi que ce soit. De plus, ils savent qu’ils vont dépenser en moyenne 7€ dans un bar contre 10€ en discothèque », 
reprend-il. Et pourtant, beaucoup de discothèques, à l’instar de la Grand’Goule, n’ont pas -ou peu- augmenté leurs tarifs malgré une hausse du coût des matières premières, de la Sacem et des assurances.


Pour Adrien Laurendeau, le manque de modernisation et les contraintes administratives seraient en partie responsables des difficultés des discothèques. « L’administration reste bloquée sur un vieux schéma des années 1980 qui associe boîtes à prostitution, bagarre ou drogue alors que ce n’est plus le cas. » 
Jérôme Lacroix reste tout de même optimiste. Le gérant de la Grand’Goule, qui prépare les soirées d’anniversaire de l’établissement des 17 et 18 octobre prochains, reçoit déjà des réservations pour l’événement. « Je pense que la vie est faite de cycles et qu’à l’image des guinguettes, les discothèques feront elles aussi leur retour. »

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