Interdiction pour les moins de 15 ans, couvre-feu… Mi-septembre, la commission parlementaire sur les dangers de TikTok a frappé fort. Mais la place de l’éducation aux médias semble encore sous-évaluée.
Les réseaux sociaux et leurs usages par les adolescents restent une problématique de société loin d’être explorée dans sa totalité. Le 11 septembre, deux députés ont remis un rapport sur les dangers de TikTok. Pour cela, ils ont auditionné des dizaines de chercheurs, influenceurs, experts en pédopsychiatrie ainsi que les premiers concernés, des adolescents… Face à ce qu’ils ont appelé un « océan de trash », les élus ont plaidé pour une interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans, un couvre-feu numérique de 22h à 8h ou encore le renforcement des règles qui visent à écarter les smartphones des établissements scolaires...
L’autorégulation,
c’est possible
Bien qu’efficaces, ces mesures pourraient s’avérer difficiles à mettre en œuvre pour des raisons techniques et financières.
« La première chose à faire serait plutôt de contraindre TikTok à modérer davantage les contenus et à modifier son algorithme, or la loi française le permet déjà », souligne de son côté Jean-François Cerisier, directeur du laboratoire poitevin Techné. Selon ce spécialiste des technologies numériques pour l’éducation, c’est bien l’algorithme de TikTok et sa capacité à capter notre attention avec des images nauséabondes qui posent problème. Faute de pouvoir le transformer, lui miserait plutôt sur la capacité d’autorégulation des adolescents. A condition qu’ils développent leur esprit critique. L’équipe de chercheurs a ainsi élaboré avec Réseau Canopé un module de formation destiné aux enseignants qui souhaiteraient aider leurs élèves à maîtriser leurs usages des réseaux sociaux (Le 7 n°672). Il sera disponible dans le courant de l’année scolaire.
En attendant, le rapport parlementaire évoque aussi l’idée d’accentuer le nombre d’heures consacrées à l’éducation aux médias et à l’information (EMI). « C’est important dès l’école primaire, reprend Jean-François Cerisier. Et pourquoi ne pas soutenir les influenceurs qui réalisent des contenus pédagogiques utiles à la réussite scolaire ? » Une façon d’occuper le terrain ! Selon une étude réalisée en 2025 par Odoxa pour Acadomia, sept ados sur dix seraient prêts à renoncer à utiliser les réseaux sociaux après 21h. Tous les espoirs sont permis.