
Aujourd'hui
C’est ce qu’on appelle désacraliser un mythe. Plus qu’un biopic, Moi qui t’aimais se « frotte » au couple Signoret-Montand avec singularité. Loin d’un sensationnalisme facile, Diana Kurys revient sur les dernières années de Signoret (décédée en 1985) et relate ainsi une vérité fragilité, aux antipodes des temps forts de leur carrière et des scandales (excepté un souvenir avec une certaine Marilyn Monroe…). Le spectateur assiste alors non pas à une chute, mais à une lente métamorphose : celle d’une femme confrontée à ses désirs, ses douleurs, dans l’ombre d’un homme qui continue de fasciner et de briller. La réalisatrice surprend dès les premières secondes et choisit d’évoquer plutôt que de reconstituer pleinement. La caméra filme ainsi Marina Foïs et Roschdy Zem dans leur loge en train de se « métamorphoser » en Simone Signoret et Yves Montand. Un parti-pris qui intrigue dans un premier temps avant de convaincre puisque les acteurs laissent ensuite place à un couple plausible, sans jamais singer ni imiter. Marina Foïs interprète en effet avec justesse la pudeur, la fragilité et l’élégance intellectuelle de Signoret. Roschdy Zem, de son côté, navigue entre le charme flamboyant et la fatigue d’un homme dont les succès publics peinent à masquer les déséquilibres privés. Sans idéaliser ce couple imparfait (l’alcoolisme de Signoret et la mauvaise foi de Montand sont notamment mis en avant), la mise en scène reste respectueuse et soignée. De son côté, la musique de Philippe Sarde (Les choses de la vie) vient apporter une atmosphère élégante et mélancolique qui ravira les mélomanes. Si quelques longueurs se font sentir et que certaines transitions peuvent sembler maladroites, Diane Kurys réussit à nous faire approcher de ce couple de légende. Pas des idoles mais des êtres humains : beaux, parfois fatigués, souvent blessés, mais vivants jusqu’au bout.
Biopic de Diane Kurys avec Marina Foïs, Roschdy Zem, Thierry de Peretti (1h58).
Copyright David Koskas/New Light FilmsÀ lire aussi ...