
Aujourd'hui
Comment est né ce projet de tour de France des lycées ?
Flavie : « Nous sommes toutes les deux en troisième année à l’Ensma. L’an dernier, en cours d’anglais, le prof nous a demandé d’imaginer ce que nous pourrions faire pour améliorer la mixité à l’école avec 1 000€. L’idée d’aller à la rencontre des lycéennes en avion nous est venue très vite. Mais jamais on aurait pensé à l’époque que ce projet se concrétiserait. »
Alice : « Nous avions suivi la fin de la construction du P300 et le tour d’Europe de Pierre et Thibault. Au premier trimestre 2025, on a contacté les lycées, établi un plan de vol, trouvé des partenaires… Tout cela en parallèle des cours, des examens et des stages à l’étranger. Au final, le budget a largement dépassé les 1 000€ ! »
Quel message portiez-vous face aux lycéens ?
Flavie : « En parlant de nos parcours respectifs, nous voulons montrer aux lycéennes en particulier que le secteur aéronautique leur est accessible. C’est possible ! Les entreprises cherchent à recruter plus de femmes, c’est aussi pour cela que Dassault et Safran ont financé une grande partie de notre voyage. Personnellement, j’y ai pensé dès le collège et sciences pour l’ingénieur a très vite été ma matière préférée. J’aimerais travailler dans la maintenance ou les nouveaux carburants. »
Alice : « Mon grand-père était pilote de chasse. J’en ai souvent rêvé mais des problèmes de vue m’en empêchent. Malgré tout, j’ai très vite été attirée par les sciences et l’aéronautique. Mes parents m’ont toujours soutenue. A l’école, je suis en spécialité aérodynamique, j’aimerais piloter plus tard pour effectuer des essais en vol. Les filles ont tendance à s’autocensurer mais aujourd’hui, il n’y a plus de raison. »
Avez-vous déjà été confrontées à de la misogynie au cours de votre parcours de formation ?
« On n’a jamais eu le sentiment de ne pas être à notre place. Et pourtant, au lycée, en prépa comme à l’école aujourd’hui, il y a toujours eu très peu de filles dans nos classes. Mais personne n’a tenté de nous décourager, les gars sont plutôt bienveillants. Et on sait que si on est là, c’est qu’on le mérite, on a les capacités. »
Comment s’est passé le voyage en lui-même ?
Flavie : « Le 21 septembre, nous avons décollé de l’aérodrome de Châtellerault, direction Rennes, puis Blois, Annecy, Montpellier et Bordeaux pour un retour le 3 octobre au soir. Les vols duraient deux heures au maximum. Seul regret, nous n’avons pas pu atterrir à Nancy à cause de la mauvaise météo. C’est Alice qui pilotait, elle a sa licence depuis un an et a déjà accumulé plus de cent heures de vol. Moi j’y pense depuis longtemps et ce voyage a vraiment renforcé mon envie de piloter. »
Alice : « Pour définir les villes et les lycées, nous avons sollicité nos camarades de promo qui avaient gardé de bons contacts avec leurs enseignants. A Annecy et Blois, nous sommes allées dans nos établissements respectifs et nous avons logé chez nos parents. Dans les lycées, nous avons eu beaucoup de moments privilégiés avec des élèves qui n’étaient pas obligés d’être là. On leur a parlé des métiers car le terme ingénieur est flou pour eux. Certains nous ont demandé quoi mettre sur Parcoursup pour faire comme nous ! »
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