C'était mieux demain, un voyage temporel en terrain connu

Cliché et potache à souhait, C’était mieux demain n’est pas le film de l’année mais a le mérite d’inviter au débat et d’offrir un antidote salutaire à la morosité ambiante.

Charlotte Cresson

Le7.info

Coiffures sophistiquées, meubles en formica, rituels de bienséance et… sexisme ordinaire, bienvenue dans les années 1950. C’est à cette époque, et plus précisément en 1958, que vivent les Dupuis. Le père, Michel (Didier Bourdon), est un homme heureux. Salarié d’une banque, il aime jeter son mégot de cigarette par la fenêtre de sa voiture, déguster les petits plats de son épouse et ne supporte pas d’évoquer le progrès. Une ceinture de sécurité dans les voitures ? Ça ne marchera jamais, enfin ! La mère, Hélène (Elsa Zylbertsein), est une épouse dévouée qui ne semble vivre que pour prendre soin de son mari et de ses deux enfants, Lucien et Jeanne. Mais elle a quand même un rêve, celui de posséder un jour le très futuriste lave-linge qui peuple petit à petit les foyers français. Et c’est d’ailleurs ce fameux lave-linge qui fera basculer la si paisible vie des Dupuis (quoique légèrement mouvementée quelques instants auparavant). De l’eau s’échappe de la machine, un câble d’alimentation baigne dedans et, hop, en route pour 2025. A croire que les réalisateurs associeront toujours électricité ou foudre au voyage dans le temps. Pas très original. Nos personnages quittent donc la France de René Coty pour se retrouver à l’heure des maisons connectées (un poil too much d’ailleurs), de l’Algérie indépendante, du mariage… et compte en banque pour tous. C’est le choc. Ceux pour qui le pantalon féminin est une abomination débarquent dans un monde où Hélène dirige sa propre boîte et où Michel s’occupe du foyer. Dans C’était mieux demain, son premier long-métrage, Vinciane Millereau en fait trop. Comme on gaverait une oie, la réalisatrice veut montrer toutes les différences possibles entre 1958 et 2025, quitte à provoquer une « overdose » chez le spectateur. Mais en faisant appel à deux poids lourds de l’humour (Didier Bourdon et Elsa Zylbertsein), le pari de faire rire est réussi. Et après tout, dans une comédie, c’est ce qui compte non ? L’humour est potache et le jeu théâtral, certes, mais on se laisse facilement prendre au jeu des gags et situations loufoques. Dans la salle de cinéma, les rires varient d’ailleurs en fonction des blagues et des générations. Autre point fort, le film amène inévitablement à comparer les époques et leurs différents avantages. Parce que si, à première vue, C’était mieux demain peut sembler manichéen, quelques subtilités permettent de prendre un peu de hauteur…

Comédie de Vinciane Millereau avec Elsa Zylbertsein, Didier Bourdon, Mathilde Le Borgne (1h43). 

DR

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