Le 13 novembre 2015, Chloé Boissinot, originaire de Château-Larcher,
 tombait sous les balles de terroristes à la terrasse du Carillon, à Paris. Dix ans après, sa mère Elisabeth éprouve toujours des sentiments mêlés.
                                    
                                    
                                    C’était il y a une décennie, presque une éternité. Pourtant, personne n’a oublié ce funeste soir du 13 novembre 2015. Les premières explosions au Stade de France, ces terrasses de cafés parisiens mitraillées par des terroristes, l’assaut du Bataclan... 130 morts, 
413 blessés hospitalisés. Et des cicatrices indélébiles pour ceux qui restent. Ce jour d’octobre 2025, de retour d’un voyage en Tunisie, Elisabeth Boissinot témoigne pour la énième fois de ce qu’elle a vécu il y a dix ans, à savoir la douleur insondable de perdre un enfant. Sa fille Chloé a été tuée, à 25 ans, alors qu’elle se trouvait devant Le Carillon. « Pendant les cinq premières années, j'ai « fait » 
de l'hôpital psychiatrique, j'ai essayé de me suicider, de partir dans l'alcool. J'ai vu que ça ne marchait pas, donc je me suis tournée vers autre chose, glisse cette habitante de Château-Larcher. En fait, pour que mes enfants soient bien, il faut que je sois bien. Et puis, j’ai aussi huit petits-enfants... »
Ni procès ni hommage
N’empêche, Chloé n’est jamais très loin. Son portrait trône en majesté sur une table basse, escortée par deux bougies « que j’allume tous les matins ». Mais en dehors de sa participation à la soirée de Genouillé (lire encadré), Elisabeth Boissinot n’a pas prévu de se rendre aux cérémonies d’hommage, à Paris. « Je ne veux plus y retourner. » De même qu’elle n’a pas souhaité assister au procès historique de Salah Abdeslam en 2021. Pour quoi faire ? « Je pense que j’aurai un jour besoin de le voir. Il avait le même âge que ma fille. Il allait en boîte, il fumait, il buvait de la bière, il aurait pu être un de ses copains. Qu'est-ce qui lui a pris de tirer sur des jeunes de son âge ? »
« Ça m’a permis 
de relativiser... »
Si elle « va mieux », globalement, la mère de famille 
« pleure encore au bout de dix ans ». Comme sur ce catamaran, les pieds dans l’eau, lors de ses dernières vacances. « Qu’est-ce que j’aurais aimé qu’elle profite de ces moments-là... Je les vis pour elle. Sa vie s’est arrêtée avant qu’elle puisse réaliser tout ça. » Une stèle a été érigée en mémoire de Chloé au cimetière de Château-Larcher. Une cérémonie s’y déroule chaque année, le 11 mars, journée nationale et européenne d’hommage aux victimes du terrorisme. De ses voyages en Jordanie puis au Maghreb, Elisabeth Boissinot a ramené la certitude que « les musulmans, ce n’est pas ça », autrement dit des terroristes. 
« C’est la gentillesse et la bonté. Ils n’ont rien mais vous donnent tout. Ça m’a permis de relativiser... »
Un hommage à Genouillé
Genouillé organise jeudi 13 novembre un hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, à partir de 18h30. Un événement à l’initiative de Philippe Chauveau, 2e adjoint au maire de la commune du Civraisien. « J’ai occupé plusieurs postes en région parisienne et il se trouve que j’ai eu l’occasion de côtoyer des gens ayant vécu de près l’attentat au Bataclan, notamment un ami agent de sécurité », explique-t-il. Hermann Aka Bilé a donc accepté de venir raconter ce qu’il a vécu ce soir-là. Il a sauvé des dizaines de spectateurs d’une mort certaine. « Un an après, lors de la réouverture de la salle après les travaux, il ne sentait encore que l’odeur du sang... » Deux riverains de la salle de spectacle seront également présents pour témoigner, dix ans après, comme Elisabeth Boissinot et le préfet de la Vienne, Serge Boulanger. « Ce sera sans doute un moment plein d’émotions et d’espoirs », prophétise Philippe Chauveau.