Vis ma vie de conductrice de car

Des dizaines de cars circulent en permanence dans la Vienne sur des lignes régulières ou scolaires. La rédaction a partagé le quotidien de Nora, conductrice pour Transdev, l’espace d’une matinée.

Charlotte Cresson

Le7.info

5h40, lundi 27 octobre. Rendez-vous au dépôt Transdev de la rue de la Vincenderie, à Poitiers. La ville est encore endormie et, croyez-le ou non, le chant d’un coq se fait entendre à deux reprises. Sur place, une vingtaine de cars de la Région sont parfaitement alignés. Gilet orange fluo sur le dos, Nora Vincent, conductrice depuis cinq ans « dont quatre pour Transdev », arrive au dépôt. C’est une habituée des réveils matinaux même si, « avec le changement d’heure, c’est un peu plus difficile pour le moral », 
concède-t-elle. Un bonjour aux collègues, un coup d’œil sur le planning, Nora commence une chorégraphie bien rodée. Vérification des pneus, de la carrosserie, des feux… avant de souffler dans l’éthylotest. 
« C’est obligatoire pour faire démarrer le véhicule, et heureusement. On est responsable de la vie de beaucoup de monde, en particulier quand ce sont des enfants. » Derniers ajustements avant de prendre la route. « On a plusieurs applications pour nous aider comme Flexnav, une sorte de GPS sur lequel figurent les arrêts. » On peut y aller.


Une course 
contre la montre

Ce jour-là, Nora assure la ligne 114 qui relie Neuville à la gare de Poitiers. Jusqu’à 9h53, la conductrice doit effectuer l’aller-retour trois fois. Il est 6h, il ne faut pas traîner. Le départ est prévu à Neuville à 6h25. Là, le premier passager monte sans un mot. Les suivants seront plus courtois. « J’ai décidé de faire ce métier car j’adore conduire et être au contact des gens. Mais parfois c’est difficile. Certaines personnes ne sont pas forcément polies, d’autres sont alcoolisées... Heureusement, c’est une minorité. Et puis on s’adapte. Avec le sourire, tout passe. » Vacances scolaires oblige, la ligne 114 est peu fréquentée. 
« Ding ! » Arrêt demandé. Je sursaute, Nora sourit, elle a l’habitude. Les rues étroites de Cissé sont un challenge. « Il ne faut pas paniquer et y aller tranquille. Notre cauchemar, ce sont les dos-d’âne. » En face, certains automobilistes la laissent passer, d’autres, moins conscients des difficultés, tentent de forcer. Nous arrivons au terminus à 7h28. Pas question de descendre se dégourdir les jambes, elle doit repartir à Neuville. Rapidement, l’application de Nora lui indique qu’elle a deux minutes de retard. Il faut continuer de faire vite tout en étant prudent. Les passagers sont plus nombreux lors de ce trajet. « Ding ! » Je ne m’y ferai jamais. Au bout du troisième aller-retour, l’impression d’être dans Un jour sans fin me guette. A 9h53, le service est terminé. Nora ne sera descendue qu’une fois pour se dégourdir les jambes. Un brin de ménage dans le car, un plein de carburant directement au dépôt et la conductrice peut rentrer chez elle avant de revenir pour 15h30. « Je suis de réserve ce soir, ça signifie que je dois être sur place au cas où un conducteur ne peut pas venir. Avant, c’était long d’attendre mais ils ont refait la salle de pause, c’est bien plus agréable. » Depuis ce fameux lundi, les cars et leurs conducteurs ne sont plus des silhouettes anonymes sur la route.

Un recrutement difficile

Chaque jour, 70 conducteurs de Transdev Poitou-Charentes assurent les trajets du transport public. Essentiel mais exigeant, le métier est marqué par des amplitudes horaires importantes, une rémunération peu attrayante, la gestion du stress et une responsabilité quotidienne. Le secteur du transport souffre ainsi d’une pénurie de conducteurs partout en France depuis plusieurs années. Pour améliorer les conditions de travail et attirer plus de conducteurs, Transdev a ainsi créé un nouvel espace de vie au dépôt de la Vincenderie avec un coin repas et un espace détente très appréciés.

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