Depuis un an, le CHU de Poitiers propose aux particuliers des consultations en sexologie. Encore taboue et victime de préjugés tenaces, la santé sexuelle est pourtant indissociable du bien-être physique et mental.
                                    
                                    
                                    « Je ne ressens pas/plus de désir, suis-je normale ? », « J’ai du mal à accepter mon corps depuis mon accouchement/mon opération »... Depuis un an, le CHU de Poitiers a ouvert des consultations spécialisées en sexologie et médecine sexuelle au sein du service de gynécologie. Des rendez-vous pendant lesquels le Dr Agnès Chauvet-Baron, gynécologue-obstétricienne spécialisée, « s’adapte aux besoins de chacun en respectant une confidentialité absolue » mais aussi « à l’âge de la personne, ses souhaits, sa religion, son état de santé, son attirance sexuelle… ». Ouvertes à tous, dès l’adolescence, ces séances permettent d’aborder « l’intimité, le rapport au corps, les difficultés ou les craintes ». En somme, des questions qui concernent tout le monde, y compris les plus jeunes et les seniors. Les rendez-vous ne se focalisent pas uniquement sur les pratiques sexuelles. La sexualité est en effet souvent associée à la pudeur, aux blagues ou au divertissement, alors qu’elle est en réalité d’un « véritable enjeu de santé publique ».
Briser le tabou
Actuellement, le CHU propose une journée de consultation par semaine. Insuffisant aux yeux du Dr Chauvet-Baron. 
« Il y a beaucoup de besoins. Il faudrait également que ce soit mieux financé et que les services publics connaissent mieux ce que cela représente. » 
La santé sexuelle peut en effet avoir un impact considérable. « Elle est notamment complémentaire aux soins des cancers, de l’endométriose, d’une sclérose en plaques, des suites opératoires… » En parallèle de cette consultation au CHU de Poitiers, la professionnelle exerçe également au sein de la Protection maternelle et infantile (PMI) du Conseil départemental de la Vienne et rencontre donc 
« des enfants victimes de violences sexuelles ». Un autre aspect méconnu qui témoigne de la diversité de la médecine sexuelle. Même si « le tabou semble se lever progressivement », certaines personnes peinent encore à consulter par crainte d’être jugées ou ridicules. Pourtant, « dans des cas extrêmes, certains s’isolent et font parfois des tentatives de suicide ». Alors le Dr Chauvet-Baron rassure : 
« il n’y a aucune obligation. On consulte si on pense que c’est bon pour soi. Mais si les difficultés engendrent une gêne avec les autres, il est important de s’en occuper. »
                                    DR CHU de Poitiers