Santé sexuelle : dépasser la gêne

Depuis un an, le CHU de Poitiers propose aux particuliers des consultations en sexologie. Encore taboue et victime de préjugés tenaces, la santé sexuelle est pourtant indissociable du bien-être physique et mental.

Charlotte Cresson

Le7.info

« Je ne ressens pas/plus de désir, suis-je normale ? », « J’ai du mal à accepter mon corps depuis mon accouchement/mon opération »... Depuis un an, le CHU de Poitiers a ouvert des consultations spécialisées en sexologie et médecine sexuelle au sein du service de gynécologie. Des rendez-vous pendant lesquels le Dr Agnès Chauvet-Baron, gynécologue-obstétricienne spécialisée, « s’adapte aux besoins de chacun en respectant une confidentialité absolue » mais aussi « à l’âge de la personne, ses souhaits, sa religion, son état de santé, son attirance sexuelle… ». Ouvertes à tous, dès l’adolescence, ces séances permettent d’aborder « l’intimité, le rapport au corps, les difficultés ou les craintes ». En somme, des questions qui concernent tout le monde, y compris les plus jeunes et les seniors. Les rendez-vous ne se focalisent pas uniquement sur les pratiques sexuelles. La sexualité est en effet souvent associée à la pudeur, aux blagues ou au divertissement, alors qu’elle est en réalité d’un « véritable enjeu de santé publique ».


Briser le tabou

Actuellement, le CHU propose une journée de consultation par semaine. Insuffisant aux yeux du Dr Chauvet-Baron. 
« Il y a beaucoup de besoins. Il faudrait également que ce soit mieux financé et que les services publics connaissent mieux ce que cela représente. » 
La santé sexuelle peut en effet avoir un impact considérable. « Elle est notamment complémentaire aux soins des cancers, de l’endométriose, d’une sclérose en plaques, des suites opératoires… » En parallèle de cette consultation au CHU de Poitiers, la professionnelle exerçe également au sein de la Protection maternelle et infantile (PMI) du Conseil départemental de la Vienne et rencontre donc 
« des enfants victimes de violences sexuelles ». Un autre aspect méconnu qui témoigne de la diversité de la médecine sexuelle. Même si « le tabou semble se lever progressivement », certaines personnes peinent encore à consulter par crainte d’être jugées ou ridicules. Pourtant, « dans des cas extrêmes, certains s’isolent et font parfois des tentatives de suicide ». Alors le Dr Chauvet-Baron rassure : 
« il n’y a aucune obligation. On consulte si on pense que c’est bon pour soi. Mais si les difficultés engendrent une gêne avec les autres, il est important de s’en occuper. »

DR CHU de Poitiers

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