Vers la fin du permis à vie

L’Union européenne a révisé les règles du permis de conduire. D’ici à 2030, le précieux sésame devra être renouvelé régulièrement. Cette réforme vise à améliorer la sécurité routière et diminuer le nombre d’accidents.

Pierre Bujeau

Le7.info

C’est désormais acté. En octobre dernier, le Parlement européen a voté une révision des règles encadrant le permis de conduire. Parmi les mesures phares, la fin du permis à vie. D’ici à 2030, le document devra être renouvelé tous les quinze ans au maximum pour les automobilistes et les motards. En France, cette durée pourrait même être ramenée à dix ans, le permis faisant également office de pièce d’identité. Une réforme que salue Jean-Michel Vigié, ancien inspecteur du permis de conduire et créateur de Conduite Gagnante : « Dans une démarche de réduction de l’accidentalité, c’est le minimum. Mais il ne faut pas s’affoler, le texte laisse beaucoup de latitude aux Etats membres. » En effet, chaque pays pourra choisir entre une autoévaluation ou un examen médical obligatoire tous les 15 ans
 -et tous les 5 ans après 70 ans- pour renouveler le permis. « Le conducteur pourra simplement attester de sa bonne santé visuelle, sans test préalable. On peut imaginer qu’une personne âgée, attachée à son autonomie, hésite à se déclarer inapte à conduire. » Du côté de la Prévention Routière, on émet davantage de réserves pour ne pas contraindre les plus fragiles. 
« Ce n’est pas une question d’âge, mais de santé. Il faut cesser de stigmatiser les seniors, qui sont suivis régulièrement par leur médecin et restent parmi les conducteurs les plus prudents », souligne Bernadette Ducorps, directrice régionale de l’association. En 2024, sur les routes de la Vienne, les 15-24 ans 
représentent la tranche d’âge la plus touchée par les blessures lées au non-respect du code de la route, avec ving-deux victimes, contre seulement huit chez les conducteurs de 65 ans et plus. « Plutôt que de généraliser les visites médicales, coûteuses et pas toujours efficaces, nous prônons un meilleur suivi du dispositif existant, via les médecins agréés par la Sécurité routière, ajoute-t-elle. De plus, la mesure pourrait priver les seniors de leur autonomie et les isoler. » 


L’Europe en éclaireur

Pour évaluer la portée de cette mesure, il suffit de regarder du côté des pays qui l’ont déjà instaurée. Au Portugal, le renouvellement du permis est obligatoire depuis 2013. Résultat : une baisse de 4,8% du nombre de décès sur les routes en dix ans. Une diminution plus modérée que la moyenne européenne (-17,2%), mais qui témoigne d’une évolution des comportements. En Italie, les conducteurs doivent désormais passer une visite médicale pour conserver leur permis : tous les dix ans avant 50 ans, puis à intervalles plus rapprochés au-delà. Depuis la mise en place de cette mesure en 2010, le nombre d’accidents de la route a reculé de 1,9%, une diminution restée stable au fil des années.

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